Le président tunisien, Kais Saied, a déclaré récemment qu'il allait revenir au peuple et lui donner la possibilité de décider laissant présager quelques scénarios, dont la tenue d'un référendum ou d'élections anticipées pour rebattre les cartes entre les partis politiques et qui pourrait exclure Ennahda... Le président tunisien, Kais Saied n'a pas encore annoncé sa stratégie de sortie de crise, ni expliqué au peuple les raisons de sa prise subite du pouvoir, en chassant le Premier ministre et gelant les activités du Parlement. Alors que les Tunisiens s'impatientent pour connaitre ce que leur président leur réserve, il semblerait que ce dernier se prépare à bousculer la vie politique du pays. Un mois après le gel de l'ARP (le Parlement tunisien), le limogeage de Hichem Mechichi et l'activation de l'article 80 qui lui permet de reprendre le pouvoir, au moment où le président tunisien se trouve dans les faits dépourvu de pouvoirs, Kais Saied prépare sa contre-attaque, mais n'a pas encore expliqué sa démarche au peuple tunisien. Les Tunisiens qui ont accueilli la nouvelle dans la joie et comme une délivrance face à la situation de blocage politique, de crise économique et sociale, doublée d'une crise sanitaire ayant mis à genoux le système de santé, commencent à présent à s'inquiéter. Le président Kais Saied a promis cette semaine de clarifier ses intentions et d'expliquer pourquoi il a eu recourt à l'activation de l'article 80 de la Constitution, qui lui a valu de vertes critiques internationales. Mais s'il est resté silencieux jusqu'ici, une phrase prononcée lors d'une réunion à mis la puce à l'oreille des observateurs de la scène politique tunisienne. Des élections anticipées ? Kais Saied, qui s'attache profondément à la Constitution, a déclaré qu'il allait revenir au peuple, en précisant qu'il est à l'origine du pouvoir et qu'il allait lui donner la possibilité de décider. Cette phrase prononcée devant des bâtonniers, présage quelques scénarios, dont la tenue d'un référendum ou d'élections anticipées pour rebattre les cartes entre les partis politiques et qui pourrait exclure Ennahda, parti d'inspiration islamiste qui prend en otage le paysage politique tunisien depuis les dernières échéances électorales. Le président tunisien pourrait également se lancer vers l'amendement de la Constitution, et probablement se doter de plus amples pouvoirs décisionnels et pas seulement consultatifs, ce qui semble être son talon d'Achille étant donné qu'il s'est présenté en tant qu'indépendant et n'est pas soutenu par un parti. La presse tunisienne semble partager cette possibilité et estime que Kais Saied doive certainement dissoudre le Parlement, amender ou élaborer une nouvelle Constitution et la proposer au référendum, en plus de nouvelles élections législatives. De son côté, le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, qui a pressenti que tous ces mouvements du président n'allaient pas lui rendre service, a rapidement commencé à jouer ses cartes en vue de garder sa place prépondérante sur l'échiquier politique. Ennahda dans l'expectative Rached Ghannouchi n'a pas attendu longtemps pour révoquer tous les membres du bureau exécutif de son parti en vue d'une restructuration du bureau. Ce dernier n'a pas expliqué son intention derrière cette annonce subite. Ennahda s'est contenté d'indiquer que cette restructuration intervient dans le cadre de l'orientation générale aura pour objectif d'atteindre l'efficacité requise par le parti. Mais certains observateurs tablent sur un changement de tête au niveau du parti pour tenter de faire oublier la personnalité de Rached Ghannouchi, même si pour le moment aucun candidat ne s'est présenté pour lui succéder. En attendant, Rached Ghannouchi a commencé une série de réunions avec les représentants des ambassades étrangères à Tunis et a initié une journée parlementaire en présence d'une délégation américaine. La présidente du PDL, Abir Moussi, a aussitôt dénoncé cette manigance de Rached Ghannouchi en expliquant qu'une telle rencontre ne devait pas avoir lieu en principe étant donné que les activités du Parlement sont gelées. La cheffe de parti a affirmé que cette journée organisée par Ennahda, est la résultat d'une de soirées de coordinations et de réunion secrètes avec les représentants des ambassades étrangères accréditées en Tunisie et que le but est de mener une campagne de pression et de lobbying internationale visant Kais Saied afin qu'il rétablisse le fonctionnement du Parlement et permettre à Ennahda de reprendre du service.