L'ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N'Guessan, a dénoncé samedi « la dérive autocratique » de l'ancien président ivoirien qui a décidé de créer son propre parti. « Cette dérive autocratique était observable depuis notre accession au pouvoir en 2000 », a déclaré M. Affi N'Gusessan lors d'une conférence de presse à Abidjan, tenue à l'issue du comité central du Front populaire ivoirien (FPI) « légal » qu'il préside. « Progressivement, le président Gbagbo s'était éloigné du parti et de tout ce qui pouvait constituer une entrave à son pouvoir personnel », a-t-il dit. Commentant le discours du 9 août au cours duquel Laurent Gbagbo a annoncé sa volonté de créer un nouveau parti, M. Affi N'Guessan a estimé qu'il « nous a fait vivre un scénario digne des dictatures du siècle passé: le monologue du timonier ponctué d'applaudissements orchestrés, suivi d'une déclaration écrite d'avance pour chanter ses louanges, célébrer son génie ». Le FPI, créé par Laurent Gbagbo dans la clandestinité en 1982, est divisé depuis 2015, avec d'un côté un FPI « légal » reconnu par la justice ivoirienne dirigé par Pascal Affi N'Guessan, et de l'autre un FPI « Gor » (Gbagbo ou rien) resté fidèle à l'ancien président. Laurent Gbagbo a mis fin à cette division en acceptant de laisser le FPI à M. Affi N'Guessan. Il a dénoncé « le comportement » de ce dernier avec qui il n'entend pas se lancer « dans une bataille juridique » pour la présidence d'un FPI réunifié. Il a aussi dénoncé « l'obstination de Monsieur Affi N'Guessan de prendre en otage le FPI, foulant ainsi au pied les années de sacrifice des militantes et militants du parti ». « Laissons Affi avec l'enveloppe », avait-il lancé. « Le discours a choqué de nombreux militants et démocrates par son caractère mesquin, méprisant et égocentrique », a affirmé le président du FPI « légal ». « Gbagbo a choisi la rupture, le schisme. C'est son choix, nous ne l'avons pas voulu », a-t-il ajouté en annonçant que le comité central de son parti avait « entériné » la rupture. Il a néanmoins souhaité « la bienvenue sur sa terre natale du président Laurent Gbagbo », rentré en Côte d'Ivoire le 17 juin après avoir été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye de crimes contre l'humanité commis pendant la crise électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts. Une crise née du refus par M. Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara, président depuis 2011 et qui a autorisé son retour.