La reprise des contacts diplomatiques avec l'Espagne et le retour de l'ambassadrice Karima Benyaich à Madrid ne semble pas être actuellement une priorité pour Rabat et au vu de la situation ce n'est pas demain la veille qu'elle risque de se réguler. Le Maroc ne l'a, du reste, pas encore envisagé, et ce, faute d'explications concrètes de la partie espagnole sur la « question du Sahara », mais pas que. En effet, selon des sources diplomatiques, qui se sont confiées aux médias espagnols, Rabat souhaite ouvrir plusieurs dossiers avec Madrid et apporter des éclaircissements sur le problème à l'origine de la crise diplomatique actuelle; Parmi ceux-là, et entre autres, l'accueil du séparatiste et terroriste Ibrahim Ghali. Aussi tant que des éclaircissements ne sont pas fournis quant à cela, « le Maroc laissera en suspens la question du retour de sa représentante diplomatique à Madrid Karima Benyaich ». À cet égard, Sabri Abdenbi, professeur de relations internationales et de droit international à l'Université Mohammed V Souissi, sollicité par Hespress Ar a souligné que « les relations maroco-espagnoles sont régies par les déterminants du voisinage et la nature des deux monarchies ont, de tout temps, résolu chaque crise que Dieu a fait de manière considérée et pondérée, les deux pays étant conscients des conséquences des enjeux que pouvait engendrer une rupture ». Le membre du Laboratoire d'études juridiques et stratégiques estime en outre, dans sa déclaration, que « le gouvernement espagnol a une nouvelle génération qui ne comprend pas les secrets géostratégiques se démarquant en cela de ses prédécesseurs ». Le retour de Mme Benyaich n'est pas pour demain Notre interlocuteur a expliqué qu'après que les « Etats-Unis aient exprimé leur position, selon laquelle Washington reconnaissait le Sahara marocain, Madrid s'est pourvue de positions suspectes qui ne prenaient plus en compte la politique de coopération sécuritaire en matière de terrorisme et d'immigration illégale ». En effet, après la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara par le président des Etats-Unis d'alors, Donald Trump, le 10 décembre 2020, Rabat s'est étonné de la rapidité avec laquelle Madrid s'est opposé à une telle reconnaissance. L'Espagne s'est même coordonnée avec des pays européens, dont l'Allemagne, pour empêcher l'UE de suivre l'exemple des Etats-Unis. Sabri a souligné que « tout cela a amené l'Etat marocain à traiter avec la plus grande objectivité tout ce qui touchait à son intégrité territoriale ». Tout comme l'Allemagne, l'Espagne l'a su à ses dépens avec le rappel de l'ambassadrice Karima Benyaich, à l'instar de notre représentante diplomatique à Berlin Lalla Zohour Alaoui. Autre fait important « l'opération « Marhaba 2021 » via l'Espagne a été annulée avec les conséquences que l'on sait changement du ministre des Affaires étrangères de l'Espagne, qui n'a pas été en mesure de suivre le rythme des répercussions de la crise ». Deux scénarios attendus Dans sa déclaration, le professeur de relations internationales a estimé qu'« il y a deux scénarios ; Le premier est que les relations peuvent revenir à ce qu'elles étaient auparavant, mais à condition du soutien de Madrid à l'intégrité territoriale du Royaume auquel cas, et c'est le second, les tensions entre les deux pays vont persister jusqu'à la rupture qui pourrait durer des mois voire plus ». Cela prête à soulever des questions sur les positions politiques dominantes parmi les politiciens, les intellectuels, et l'Etat profond en Espagne, vis-à-vis du Sahara marocain. La question qui est redevenue un facteur déterminant dans les relations entre Madrid et Rabat. Cette situation affecte également des questions connexes comme la migration, ou encore le terrorisme. De quoi pousser Rabat à s'interroger sur le partenariat entre les deux Nations. Le Maroc doit-il se cantonner au simple rôle d'agent de sécurité à la frontière espagnole contre le terrorisme et la migration ou à celui d'un réel partenaire de l'Espagne qui fut son principal partenaire politique et commercial jusqu'à un parti pris pour les beaux yeux de Ghali ?