Le ministère de la Santé a lancé, mercredi 30 juin, une campagne nationale d'un mois pour rendre hommage à l'engagement et au développement des professionnels du secteur, en mettant en valeur leurs efforts quotidiens pour s'acquitter de leur mission. À côté, les infirmiers et techniciens de santé ont réagi à cette campagne en lançant un hashtag #3tiwna Rzekna (Donnez-nous notre argent). Sur les réseaux sociaux, ce hashtag est devenu très viral parmi les professionnels du secteur qui dénoncent un manque de communication et de reconnaissance. « On ne veut pas d'hommage, on veut la réalisation de nos revendications légitimes. C'est l'hommage que peut nous rendre le ministère de la santé« , nous confie Fatima-Zahra Belline, porte-parole du Mouvement des infirmiers et techniciens de santé (MITSM). « Il s'agit d'un hommage verbal sans aucun impact concret sur les professionnels du secteur. La mise en valeur passe obligatoirement, et premièrement, par une réaction positive aux revendications des professionnels de la santé. La moindre des choses, c'est se mettre à table avec ces professionnels et les écouter« , estime la militante. Fatima-Zahra nous confie que deux jours après le lancement de cette campagne par le ministère de la santé, un communiqué du département de Khalid Ait Taleb est sorti demandant aux professionnels de la santé de travailler les dimanches. » Et là on se rend compte d'où vient l'initiative de rendre aux hommage aux professionnels de la santé. Il s'agit d'exploiter encore plus les travailleurs de la santé sans prendre en compte leur état de santé ou leur état psychique ou encore leurs conditions de travail « , dit-elle. Fatigués par la charge énorme de travail, plusieurs syndicats s'étaient soulevés récemment contre la décision de travailler les samedis dans les centres de santé dédiés à la vaccination et avaient même appelé leurs affiliés à boycotter le travail les samedis au vu des conditions de travail éreintantes. « Mais une partie n'a malheureusement pas suivi, de peur des sanctions et des menaces de leurs supérieurs« . Aujourd'hui, les professionnels de la santé, et après leur combat crucial contre la pandémie qui se poursuit à ce jour, veulent voir leurs revendications se réaliser. Pour le Mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc, tout passe par le règlement de leur dossier revendicatif, à sa tête, la création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé ou encore la création du référentiel des emplois et compétences des métiers paramédicaux (REC). « La création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé est une urgence pour nous. Sans cet ordre, le ministère de la santé ne nous considère pas, ni en tant que mouvement ni même les syndicats. On estime que le ministère de la santé fait exprès de retarder la création de l'Ordre pour éviter la pression que cela peut constituer« , nous explique Fatima-Zahra Belline. Outre la création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé, la création du référentiel des emplois et compétences des métiers paramédicaux (REC), le MITSM dénonce dans son dossier revendicatif le « vide juridique » que connait la profession d'infirmier et technicien de santé et appelle au recrutement des lauréats des instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) pour couvrir la pénurie en ressources humaines. Ces cadres de la santé réclament également à leur tutelle « l'augmentation de la prime de risque, l'instauration de formations de base et de formations continues adaptées aux besoins réels afin de revoir le rythme d'avancement de l'infirmier, l'augmentation des effectifs en embauchant les lauréats infirmiers pour soulager les effectifs en exercice et l'égalité des chances en matière de promotion professionnelle à l'instar des autres catégories (ingénieurs, pharmaciens, médecins et autres fonctions publiques) ».