Dans l'affaire de l'entrée illégale du chef des milices séparatistes du polisario, Brahim Ghali, en Espagne, qui a été révélée au grand jour par la presse, un magistrat espagnol s'est montré déterminé à faire toute la lumière sur l'affaire en exigeant du commandement militaire espagnol de désigner qui a donné l'autorisation pour le débarquement de l'avion. Alors que la première affaire judiciaire lancée contre Brahim Ghali dans le cadre d'accusations de crimes contre l'humanité a été expédiée par le juge de l'Audiencia National, Santiago Pedraz, un proche du parti socialiste d'où est issu le chef du gouvernement espagnol, un autre magistrat, cette fois de Saragosse, a continué de son côté d'enquêter sur les mystérieuses conditions d'entrée du séparatiste en Espagne suite à une plainte déposée par l'avocat de Malaga, Antonio Urdiales. Le chef du tribunal d'instruction numéro 7 de la capitale aragonaise, Rafael Lasala, cherche à savoir qui a donné l'autorisation de débarquement de l'avion présidentiel algérien sur le sol espagnol. Il a ainsi demandé au Commandement aéro-militaire de la base de Saragosse de répondre à cette interrogation, surtout qu'il s'agit d'un criminel poursuivi depuis 2008 qui n'aurait pas dû en principe, avoir un visa d'entrée sur le territoire espagnol. Ces détails sont importants puisqu'un rapport de la Garde civile transmis au juge, a indiqué que l'avion algérien qui transportait Brahim Ghali n'avait pas atterri à l'aéroport civil (où les contrôles d'identité sont de rigueur) mais à la base aérienne de Saragosse et que les autorités militaires ont déclaré au personnel de la base que l'occupant de l'avion faisait partie du personnel « diplomatique » algérien, sans préciser son identité. De ce fait, l'identité de Brahim Ghali n'a pas pu être vérifiée par le personnel au sol, ce qui lui a permis de ne pas passer par la douane. Le juge espagnol qui mène l'enquête sur l'entrée sur le sol espagnol de Brahim Ghali ratisse large et a demandé à toutes les parties prenantes de décliner leur identité pour connaitre les tenants et aboutissants de cette affaire. Selon El Periodico de Aragon, le magistrat cherche à savoir comment l'avion algérien est arrivé dans la zone militaire de Saragosse, l'heure d'arrivée et les conditions de son atterrissage, ou encore de savoir s'il s'agissait d'un transport militaire ou officiel. Il exige également des informations sur la manière dont la vérification du passeport diplomatique a été vérifiée. L'affaire est grave car si la falsification d'identité est démontrée, elle établira la complicité des agents des frontières de l'aéroport et du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dans l'autorisation d'entrée en Espagne d'une personne munie de faux papiers. Surtout que l'opération a été pensée de manière à n'éveiller aucun soupçon, en le transférant d'une région à une autre. Brahim Ghali a atterri dans la ville de Saragosse (région d'Aragon) et une ambulance du Service de santé d'Aragon l'a transféré plus tard vers l'hôpital de San Pedro de la ville de Logroño située dans la région de La Rioja. La situation semble montrer que les autorités espagnoles ont volontairement cherché à cacher l'identité de Brahim Ghali aux contrôles douaniers afin que son dossier judiciaire ne soit pas révélé pour lui faire éviter de faire face à la justice espagnole. La presse avait révélé que Brahim Ghali était entré en Espagne sous une fausse identité et illégalement, dans le cadre d'un accord entre le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez et le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dont le pays soutient les milices séparatistes contre le Maroc. La fausse identité utilisée, celle d'un dénommé Mohamed Benbattouch de nationalité algérienne, a été prouvée après qu'un premier magistrat, Santiago Pedraz, ait demandé les documents d'entrée à l'hôpital de Logroño de Brahim Ghali et avait chargé la police d'aller vérifier sur place son identité. Mais face à la gravité des faits reprochés à l'Espagne qui a accueilli le chef militaire du groupe menaçant l'intégrité territoriale du Maroc et à l'origine de brouille diplomatique entre les deux royaumes, la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Laya Gonzales, a indiqué plusieurs jours plus tard que Brahim Ghali n'était pas entré illégalement et pas sous une fausse identité, sans donner plus de détails. Mais à ce jour, aucune preuve des affirmations de la ministre espagnole n'a été apportée, d'autant plus que Brahim Ghali, de nationalité marocaine, a utilisé une fasse identité pour son admission à l'hôpital de Logrono, et n'a pas voulu mentionner sa nationalité. Sur son dossier médical préparé par les agents et les médecins algériens, encore une fois, Brahim Ghali avait utilisé une fausse identité, ce qui porte à se demander si ce dossier médical n'avait pas été fabriqué de toutes pièces. D'ailleurs, les dates des documents médicaux transmis à la justice espagnole, auxquels Hespress FR a eu accès indiquant qu'ils ont été fait le 17 avril soit, seulement un jour avant son admission en Espagne, au moment où les médecins algériens ont affirmé qu'il était soigné plus de 6 jours en Algérie avant d'être transféré en Espagne.