A 48 heures des législatives anticipées en Algérie, visant à donner une fausse légitimité « civile » au pouvoir militaire, deux figures de la liberté d'expression et de la contestation sociale anti-régime ont été arrêtées. Ces arrestations interviennent alors que la presse française et des observateurs internationaux sont présents dans le pays. Le régime autoritaire algérien ne se cache pas même devant des observateurs étrangers pour continuer à bafouer les droits de l'homme et museler l'opposition. Deux figures de la contestation sociale, deux hommes qui ont pointé du doigt l'illégitimité du pouvoir et ses manigances déstabilisatrices, se retrouvent à la case prisons, à deux jours d'un scrutin boycotté par le peuple algérien et l'opposition. Karim Tabbou, coordinateur de l'Union démocratique et social (UDS) qui n'a pas été agréée par le pouvoir et le journaliste Ihsane El Kadi, directeur des sites Radio M et Maghreb Emergent, ont été arrêtés jeudi, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Ces deux arrestations interviennent à deux jours d'une échéance électorale poussée par le pouvoir pour s'octroyer une suprématie sur tous les organes décisionnels du pays et éliminer toute forme d'opposition dans une stratégie de totalitarisme à peine cachée. Il ne s'agit pas de la première fois que les deux hommes subissent les pressions et les humiliations du régime et ont pourtant continué de défendre ce en qui ils croient. Karim Tabbou avait été placé sous contrôle judiciaire par le tribunal de Bir Mourad Raïs de la capitale en avril après une plainte du président du Conseil national des droits de l'Homme (étatique), Bouzid Lazhari, avec qui il a eu une altercation. Karim Tabbou, qui est l'une des figures de la contestation et du Hirak, a été fait prisonnier de septembre 2019 à juillet 2020 par le régime. De son côté, Ihsane El Kadi, directeur des sites Radio M et Maghreb Emergent, est visé par le pouvoir depuis plusieurs mois. Ses médias ont été censurés par le régime algérien. Ihsane El Kadi, avait été placé sous contrôle judiciaire en mai par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed suite à la publication d'un article de presse. Il est accusé par le régime de « diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l'unité nationale », « perturbations des élections » et « réouverture du dossier de la tragédie nationale » des années 1990. Il n'est pas le premier journaliste à avoir été emprisonné par le pouvoir algérien depuis le début du Hirak. Avant lui, Khaled Drareni a fait les frais de sa parole libérée et de son professionnalisme parce qu'il était correspondant pour TV5 Monde. Il avait été accusé par le président algérien Abdelmadjid Tebboune lui-même, d'être un « Khabardji », un informateur pour le compte d'une puissance étrangère. Et avait affirmé qu'il n'était incarcéré à cause de son métier. إعتقال الصحفي إحسان القاضي Le journaliste Ihsane El Kadi a été arrêté — Khaled Drareni (@khaleddrareni) June 10, 2021 Et alors que le président algérien affirmait qu'il n'existait aucun journaliste en Algérie arrêté pour un article qu'il a écrit, voilà qu'Ihssane El Kadi se fait arrêter pour cette raison, sans oublier le journaliste Rabeh Kareche du journal Liberté Algérie, qui purge également actuellement une peine de prison simplement pour avoir fait son travail, après avoir couvert des événements ayant eu lieu dans le sud algérien, un sujet tabou en Algérie, à cause de son militantisme aveugle pour les milices du polisario et sa guerre livrée au Maroc, justement pour ses provinces du sud.