Les élections législatives de samedi en Algérie se déroulent sur fond d'"intensification de la répression", écrit le quotidien Le Monde, soulignant que trois figures du Hirak ont été arrêtées jeudi. La participation à ces législatives s'annonce minimale en raison du boycottage du scrutin par les tenants du Hirak, écrit le quotidien dans un reportage publié dans son édition dominicale sous le titre "En Algérie, des législatives sur fond de défiance". Dans la soirée de jeudi, l'arrestation à Alger du militant politique Karim Tabbou et des journalistes Khaled Drareni et Ihsan el-Kadi est pourtant venue offrir une tout autre dimension au climat entourant le scrutin : celle d'un "harcèlement répressif" des fidèles du Hirak dont environ 225 sont désormais détenus, souligne le journal. Ce rendez-vous électoral, ajoute le quotidien français, est une "étape supplémentaire dans la contre-offensive des autorités algériennes visant à neutraliser la dynamique protestataire". Et de relever que l'opposition boycottant le scrutin, la future assemblée devrait permettre l'irruption notamment de la mouvance des « indépendants » – qui représentent la moitié des 1 500 listes en lice. Est-il possible de mesurer leur réelle « indépendance » ?, s'interroge l'auteur de ce reportage, faisant remarquer que si certains le sont, d'autres seraient plutôt des « faux nez » des islamistes ou du régime lui-même, selon de nombreux observateurs. Quelle que soit la nouvelle configuration, note le quotidien, le régime ne pourra toutefois éluder la "crise de légitimité" qu'illustre la faiblesse des taux de participation à chaque fois que les électeurs sont convoqués. Le discours sur le « changement » et l'« Algérie nouvelle » peine à l'évidence à convaincre une opinion désabusée, renchérit-on. Les arrestations à deux jours du scrutin de Khaled Drareni et Karim Tabbou – en liberté provisoire après avoir fait l'objet de condamnations – ainsi que celle d'Ihsane El-Kadi, directeur de Radio M, proche du Hirak, "confirment l'option sécuritaire adoptée par le régime contre les fidèles du mouvement protestataire". Vingt-quatre heures avant son arrestation, M. Drareni, correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5 et directeur du site d'information Casbah Tribune, déplorait une « situation des libertés qui n'a jamais été aussi mauvaise en Algérie qu'en ce moment ». « Ils font payer aux gens le fait d'avoir sorti Bouteflika, avait-il ajouté. L'idée de transition les terrifie. », rappelle la publication. Le calendrier institutionnel comme "la répression permettent ainsi au régime de conforter sa stratégie de reprise en main d'une Algérie qui semblait lui échapper il y a un an.