La répression a déjà "disqualifié et discrédité" les élections législatives anticipées, prévues samedi en Algérie, a dénoncé vendredi la Ligue Algérienne de défense des Droits humains (LADDH). Ces législatives anticipées "ne sont ni ouvertes, ni transparentes, ni démocratiques", a souligné dans un tweet le vice-président de la LADDH, Said Salhi en réaction à l'enlèvement par les services de sécurité algériens de l'opposant Karim Tabbou et des journalistes Ihsane El Kadi et Khalid Drareni. Il a estimé qu'à la veille des "législatives imposées", l'escalade de la répression se poursuit et la liste des arrestations arbitraires s'allonge". Il a noté que l'approche du tout sécuritaire est un "aveu d'échec de la feuille de route politique", notant qu'il s'agit d'"un rendez-vous raté pour l'Algérie". Dans ce sens, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé une "effrayante escalade répressive en Algérie". Tout en faisant état de l'arrestation "de nouveau" des journalistes Khaled Drareni et Ihsane El Kadi, ainsi que l'homme politique Karim Tabbou et leur détention "dans une caserne militaire", l'organisation a souligné que "l'expression libre n'est pas un crime", appelant à leur libération. D'après le Comité national de défense des détenus et la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, des milliers de personnes avaient été interpellées durant les derniers vendredis et ce, depuis que le gouvernement avait décidé d'interdire les manifestations du Hirak. Dernièrement, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) a réitéré sa vive préoccupation quant à la détérioration de la situation des droits humains et à la poursuite de la répression contre le Hirak dans ce pays maghrébin, dénonçant "le recours à la violence pour disperser les manifestations pacifiques" et "les arrestations arbitraires et la détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique". "Nous sommes de plus en plus préoccupés par la situation en Algérie où les droits à la liberté d'opinion et d'expression, de réunion pacifique et de participation aux marches continuent d'être menacés" a dénoncé le porte-parole du Haut-commissariat, Rupert Colville. Pour sa part, l'Union européenne a dit "suivre de près" les développements en Algérie et en particulier la situation des droits de l'Homme. D'après le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et la sécurité Josep Borrell, qui répondait à une question d'une eurodéputée sur la détérioration de la situation des droits de l'Homme dans ce pays, le respect des libertés fondamentales et des droits de l'Homme est un élément essentiel dans les relations UE-Algérie. Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d'une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.