L'Espagne met la pression pour faire adopter une résolution critique demain jeudi au Parlement européen à l'encontre du Maroc. En effet après que cinq groupes politiques du Parlement européen (PE) aient déposé des projets de résolution sur « l'utilisation » des mineurs dans la crise migratoire à Sebta ce qui constituerait selon eux, l'éventuel non-respect de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, la présidente de l'Alliance progressiste Socialistes et Démocrates au Parlement Européen, l'Espagnole Iratxe Garcia Pérez, membre du PSOE, s'est alignée sur le discours de l'Exécutif espagnol pour y aller de son grain. Aussi a-t-elle déclaré, sur son compte Twitter, vouer une importance extrême au débat qui se tiendra jeudi afin de faire condamner le Maroc. Et d'y aller d'une complainte copie conforme de celle du gouvernement espagnol pour « européaniser » la tension entre l'Espagne et le Maroc en exigeant une réponse du Parlement européen qui « se doit être claire et ferme ». Garcia Pérez reconnaît toutefois que « le Maroc est un voisin et un partenaire stratégique » et a invité les autorités de Rabat à l'établissement de « relations basées sur le respect mutuel » un déjà vu-entendu que trop rodé. Les députés européens sont donc convoqués demain pour examiner puis se prononcer sur l'adoption ou le rejet de l'initiative espagnole. Rabat pour retourner la situation en sa faveur, a mobilisé ses alliés au Parlement européen et une délégation a même pris un vol mardi à destination de Strasbourg pour essayer de convaincre les autres groupes parlementaires de ne pas voter en faveur du projet de résolution, alors que le projet de résolution a à peine commencé à être formellement négocié entre les groupes parlementaires. Le Maroc avance déjà avec des lettres adressés aux députés, un lobbying intense à Bruxelles et des déclarations publiques à Rabat. Les auteurs du projet de résolution, selon cette même publication espagnole, ne croient pas aux possibilités du Maroc d'éviter la condamnation des eurodéputés. Les cinq groupes unis derrière l'initiative de la semaine dernière, des eurodéputés de la formation espagnole Ciudadanos, sont le Parti populaire européen (PPE), l'Alliance progressiste Socialistes et Démocrates (S&D), les Verts et des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Une composante du Groupe Renew Europe, qui compte également La République en marche d'Emmanuel Macron, a déposé un projet de résolution condamnant Rabat. Garcia Pérez convoiterait donc, à travers sa sortie, un possible appui Renew Europe qui compte 98 eurodéputés, mais compte surtout sur sa formation de S&D ( 175) PE. Des projets déposés et qui demain seront en débat au PE après deux jours de négociations entre leurs auteurs, c'est celui de Ciudadanos (Cs) qui est le plus virulent car il mélange dans le panier de la « chikaya » tous les ingrédients possibles et imaginables « exploitation de mineurs non accompagnés, terrorisme et collaboration antiterroriste et gestion des frontières européennes ». Par contre le Groupe majoritaire PPE s'engage à « rejeter l'instrumentalisation de la migration des mineurs non accompagnés comme instrument de politique étrangère dans un contexte de divergences entre Etats » et à « regretter l'escalade de la crise politique et diplomatique, qui ne doit pas remettre en cause les relations fortes et de bon voisinage entre le Royaume du Maroc et l'Union européenne et ses Etats membres ». « Los Populares » (PPE) disent « saluer » les mesures adoptées par les autorités marocaines le 1er juin pour, théoriquement, « résoudre définitivement le problème des mineurs marocains non accompagnés en situation irrégulière sur le territoire européen ». Ils rappellent cependant que « Sebta est une frontière extérieure de l'UE » et apprécient « la réaction rapide de Frontex pour offrir ses ressources au gouvernement espagnol pour faire face aux défis migratoires créés à la suite de cette crise ». Ils considèrent également que « le modus operandi de l'admission du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, dans un hôpital espagnol, qui a initialement déclenché cette crise migratoire, aurait évidemment pu être bien mieux géré » pour éviter l'escalade de la tension. Les Conservateurs et Réformistes européens, dont Vox, considèrent que ce qui s'est passé à Sebta à la mi-mai dernier « est une grave violation des frontières extérieures de l'Espagne et de l'UE » et soulignent dans leur proposition « la nécessité de renforcer les frontières extérieures depuis les entrées irrégulières présentent également une menace de sécurité plus large ». Les propositions des groupes dans lesquels sont insérés les députés de formations espagnoles de gauche comme Podemos critiquent le comportement du Maroc, mais soulignent également la nécessité de ne pas exécuter les retours sommaires et de faciliter la demande de protection internationale. Ils répudient aussi « l'instrumentalisation » de la crise par l'extrême droite. La proposition de résolution qui sera soulevée par le Groupe socialiste européen appelle la Commission européenne « à fournir un financement d'urgence pour faire face à la situation en Espagne, notamment en finançant des capacités d'hébergement supplémentaires pour les enfants non accompagnés ». Tout ça pour ça comme dirait l'autre.