Le NMD préconise entre autres de faire des Etablissements et Entreprises Publics (EEP), un moteur de développement économique et d'amélioration de la compétitivité structurelle mais aussi une locomotive pour le secteur privé. Pour se faire, la CSMD passe au peigne fin la méthodologie à suivre. « La réalisation de l'objectif de transformation productive requiert un secteur privé entrepreneurial et innovant, capable de prendre des risques, d'explorer de nouvelles opportunités, de se lancer à la conquête de nouveaux secteurs et marchés et d'affronter la concurrence internationale », telle est l'idée force des auteurs du rapport sur le dynamisme du secteur privé qui, mettent-ils en avant, est au cœur du Nouveau Modèle de Développement. Et de préciser justement à ce titre que l'économie marocaine se caractérise nonobstant par un déficit entrepreneurial dans les activités productives et innovantes, qui est le produit d'une culture managériale peu propice à la prise de risque et d'un environnement des affaires peu favorable. Avis partagé par un expert dans le domaine qui confirme à Hespress Fr sous le sceau de l'anonymat que ce constat du déficit entrepreneurial est patent. « Pour rectifier le tir, le NMD préconise la libération de l'initiative privée et des politiques publiques favorables à l'entrepreneuriat productif », a-t-il remarqué, estimant que ce n'est pas une sinécure! Quoi qu'il en soit, c'est aussi au secteur public de devoir continuer à jouer un rôle essentiel pour renforcer la compétitivité nationale et stimuler l'initiative privée, pense la Commission de Chakib Benmoussa, notant que dans la philosophie et l'approche du NMD, le secteur public doit soutenir le dynamisme économique à travers la production de biens communs, la facilitation de l'initiative privée, la régulation des marchés, la politique macroéconomique et l'encouragement des secteurs d'avenir. Vers une réforme de la politique actionnariale de l'Etat Et de mettre l'accent en particulier sur le renforcement des entreprises publiques à travers une réforme de la politique actionnariale de l'Etat qui sera nécessaire au vu de leur place structurante dans des secteurs stratégiques pour la compétitivité nationale, ainsi que par leur capacité à animer des écosystèmes sectoriels et territoriaux. Déclinant que cette réforme passera par l'autonomisation financière des Etablissements et Entreprises Publics (EEP), leur gestion par la performance, la clarification de leur tutelle, et la séparation des fonctions de stratégie, d'opération et de régulation dans tous les secteurs, le rapport soumis au Souverain révèle que l'Etat doit également faire de la commande publique un véritable instrument de développement productif et impulser l'émergence d'une économie sociale structurée et innovante, capable de produire des services collectifs et de créer de la valeur économique dans tous les territoires. S'arrêtant également sur cette réforme de la politique actionnariale de l'Etat, moult professionnels se réjouissent, d'ores et déjà, des recommandations de la CSMD : « Le NMD préconise de faire des EEP un moteur de développement économique et d'amélioration de la compétitivité structurelle, une locomotive pour le secteur privé à travers la structuration d'écosystèmes compétitifs dans les secteurs stratégiques, et des acteurs engagés dans le développement territorial, responsabilisés sur leur impact social et environnemental ». Et d'expliquer, se basant sur le rapport, qu'il sera question de rehausser le rôle des EEP pour être la clé de la sortie de la crise sanitaire et dans l'atteinte d'un nouveau niveau de compétitivité et palier de croissance. Les recommandations de la CSMD En effet, le document dresse une série de propositions afin de transformer les EEP dans ce sens, et en ligne avec les orientations royales relatives à la création de l'Agence des Participations de l'Etat (APE) et à ses missions. Plus en détails, il est ainsi proposé de reconfigurer le portefeuille public, pour assurer la distinction entre établissements à caractère non marchand relevant de l'administration, et les établissements à caractère marchand pilotés par l'APE, et pour favoriser les synergies au sein du portefeuille public en passant d'une logique d'offre publique cloisonnée vers une approche systémique et transversale, autour de synergies sectorielles (Finance, transports, énergie, etc.). Aussi, il est précisé dans le rapport qu'il s'agira de séparer les fonctions de stratégie, des fonctions d'opération et de régulation, et autonomiser le management des EEP marchands par rapport aux départements de tutelle sectorielle. « Pour sortir de la double tutelle technique et financière des EEP, parfois prescriptive d'orientations divergentes, il est recommandé que les départements sectoriels se focalisent sur la définition des politiques publiques qui doivent dans leur dimension opérationnelle être contractualisées avec les EEP », fait-on ressortir de même source, indiquant : « L'APE serait alors dans une démarche de restructuration des EEP, de valorisation de leurs actifs et de performance. Les modes d'administration des EEP doivent évoluer dans ce sens notamment à travers des conseils d'administration plus réduits et dotés du niveau d'expertise adéquat. Les principaux secteurs doivent être dotés de régulateurs indépendants, pour un cadre favorable à la protection du consommateur et à l'accroissement de l'investissement privé ». Et d'ajouter également comme recommandations d'améliorer la transparence financière des activités des EEP marchands, comme préalable nécessaire à leur restructuration et autonomisation financière. « Il s'agit notamment de rendre plus transparente la comptabilité des EEP de sorte à pouvoir défaire les péréquations tacites entre activités ou entre tranches d'une même activité, clarifier les rentabilités de chaque activité, responsabiliser les EEP sur leur performance pour les activités de nature rentable, et mettre en place des schémas de subvention étatiques transparents et ciblés pour les activités à caractère social ou de service public structurellement non rentables et nécessitant un appui financier de l'Etat », soutient la Commission qui évoque aussi dans sa copie rendue de transformer le statut juridique des EEP à caractère marchand en Sociétés Anonymes (SA) leur permettant d'avoir une plus grande autonomie stratégique, financière et opérationnelle, et une responsabilité plus claire sur leurs résultats, visant à en renforcer la performance. De même, il est recommandé d'opérer un re-engineering organisationnel permettant de séparer les activités correspondant à des monopoles naturels des activités pouvant être ouvertes à la concurrence et à l'investissement du secteur privé comme opérateurs aux côtés de l'Etat, et ce dans un objectif d'amélioration de la compétitivité et d'allègement des charges d'investissement pour l'Etat. De plus, la même source signale l'importance d'assurer un environnement propice à la transformation et la conduite du changement au sein des EEP, notamment à travers la formation et la dotation en compétences porteuses de changement, et la promotion de l'expérimentation et l'innovation. Et de préconiser, in fine, de favoriser la territorialisation des EEP et leur engagement en faveur du développement de territoires à travers par exemple la création de démembrement territoriaux des EEP et l'émergence d'EEP à mission, orientés vers le développement régional et la valorisation des territoires. « Le la est ainsi donné reste de passer à la pratique », s'accordent à dire nombre d'experts très impatients certes mais aussi optimistes et confiants.