La garde à vue de la journaliste Kenza Khettou, arrêtée lors de la 117e vendredi du hirak, a été prolongée de 24 heures, selon l'avocate Zoubida Assoul, membre du collectif de défense, qui lui a rendu visite dimanche. Arrêtée vendredi dernier alors qu'elle assurait la couverture du 117e vendredi du mouvement populaire, la journaliste de « Radio M » devra passer 24h de plus au commissariat avant d'être présentée, lundi 17 mai, devant le procureur général près le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger. Filmées et diffusées sur les réseaux sociaux, les scènes de la violente interpellation dont a été victime Kenza Khettou ont indigné la Toile algérienne. Ces scènes, considérées comme une atteinte flagrante à l'exercice du journalisme et au droit du citoyen à l'information, ont été largement dénoncées par les internautes et la société civile qui ont réclamé la libération « immédiate » et « sans poursuites » de la journaliste. Une douzaine de journalistes et photographes ont également été arrêtés vendredi à Alger, mais ont tous été relâchés à l'exception de Kenza Khettou. La répression qui a marqué la journée de vendredi, jamais enregistrée depuis le début du Hirak, quelques jours après le communiqué du ministère de l'Intérieur qualifiant d' »illégales » les manifestations de vendredi et exigeant une déclaration d'organisation, n'a pratiquement épargné personne. Outre les journalistes, des enseignants universitaires, des avocats membres du Collectif de défense des détenus politiques et d'opinion, mais également des chefs de partis politiques, à leur tête le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie et son secrétaire national à la communication, respectivement Mohcine Belabbas et Atmane Mazouz, le secrétaire général du Mouvement Démocratique et Social, Fethi Gheras, ont été arrêtés et retenus par la police durant des heures. Certains portaient des blessures au dos, au visage et au bras, comme on pouvait le constater sur les photos relayées sur les réseaux sociaux par les manifestants arrêtés. Les multiples arrestations à tour de bras, qui interviennent à un mois de la tenue des élections législatives, marquent un tournant dans la gestion des manifestations par les autorités algériennes dont l'intention de les réprimer s'est manifestée déjà lors des marches hebdomadaires de mardi et de vendredi.