"Nidaa-22, un collectif œuvrant à rassembler toutes les sensibilités du mouvement populaire en Algérie", a dénoncé dimanche l'intensification de la répression par un "régime dans l'impasse". Dans un communiqué, "Nidaa 22" a fustigé "l'intensification de la répression par un régime dans l'impasse qui veut cesser les marches pacifiques et taire les voix contestataires avant un scrutin législatif voué à l'échec". Face à cette énième dérive du régime, le collectif a regretté un "glissement dangereux" et des manœuvres ayant pour but de faire passer les manifestations populaires du Hirak pour une activité illégitime et illégale. Ces manifestations sont l'unique espace de liberté conquis à bras le corps par le peuple pour faire émerger l'Etat de droit démocratique, selon le collectif qui œuvre pour la tenue d'une conférence nationale inclusive devant aboutir à une "transition démocratique souple et autonome" en Algérie. Il a fait savoir que la criminalisation du Hirak populaire a atteint de nouveaux sommets, relevant que le communiqué du ministère algérien de l'Intérieur conditionnant la tenue de manifestations à une autorisation préalable "confirme la volonté nette du régime de mettre fin aux marches pacifiques du Hirak au nom d'un légalisme sans fondement". A quelques semaines d'un scrutin électoral illégitime, l'exigence de déclaration de l'itinéraire et des organisateurs est un "prétexte fallacieux" pour tenter de casser la dynamique citoyenne, comme cela a été le cas lors des récentes marches estudiantines du mardi, a-t-il expliqué. Il a rappelé que le soulèvement populaire du 22 février 2019, qui a donné naissance au Hirak, n'a exigé aucune autorisation des autorités, relevant qu'en bravant les lois liberticides, les interdictions, la répression policière et judiciaire et la propagande, les Algériens poursuivent ces marches pacifiques afin de consacrer l'Etat de droit démocratique, fondé sur les droits humains, les libertés et la souveraineté populaire. Les Algériens savent parfaitement que cette ultime manœuvre des tenants de "-l'Algérie nouvelle-, massivement rejetée lors des élections du 12 décembre 2019 et du référendum du 1er novembre 2020, n'est qu'une vaine tentative de maintenir un régime à bout de souffle", commente-t-il. Selon le communiqué, les Algériens savent que tant que ce régime sera en place, aucun de leurs droits fondamentaux ne sera garanti, car la législation et les pratiques sont liberticides, l'appareil judiciaire est aux ordres et les libertés individuelles et collectives sont constamment bafouées. Le collectif a noté que chaque semaine, des citoyens qui ont exercé pacifiquement leurs droits sont interpellés, arrêtés ou inculpés. D'après un décompte provisoire du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins une soixantaine de personnes ont été placées en garde à vue, sur environ un millier de manifestants interpellés lors des marches hebdomadaires du vendredi dernier. La même source fait savoir qu'une trentaine de manifestants est répertoriée à Alger et 23 à Sétif. Plusieurs autres manifestants, à Annaba, à Bordj Bou-Arréridj, à Chlef, à Biskra, à Tiaret et à Constantine ont été également placés en garde à vue, alors que d'autres ont été relâchés mais avec des convocations pour se présenter devant le procureur général. Aussi, une douzaine de journalistes et photographes ont également été arrêtés vendredi à Alger, mais ont tous été relâchés à l'exception de Kenza Khatto, de "Radio M", toujours en détention, précise la même source. La répression qui a marqué la journée de vendredi, jamais enregistrée depuis le début du Hirak, quelques jours après le communiqué du ministère de l'Intérieur qualifiant d'"illégales" les manifestations de vendredi et exigeant une déclaration d'organisation, n'a pratiquement épargné personne. Outre les journalistes, des enseignants universitaires, des avocats membres du Collectif de défense des détenus politiques et d'opinion, mais également des chefs de partis politiques, à leur tête le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie et son secrétaire national à la communication, respectivement Mohcine Belabbas et Atmane Mazouz, le secrétaire général du Mouvement Démocratique et Social, Fethi Gheras, ont été arrêtés et retenus par la police durant des heures. Certains portaient des blessures au dos, au visage et au bras, comme on pouvait le constater sur les photos relayées sur les réseaux sociaux par les manifestants brutalisés et arrêtés par les services de police. Les multiples arrestations à tour de bras, qui interviennent à un mois de la tenue des élections législatives, marquent un tournant dans la gestion des manifestations par les autorités algériennes dont l'intention de les réprimer s'est manifestée déjà lors des marches hebdomadaires de mardi et de vendredi.