Le journaliste Algérien Khaled Drareni, a été condamné lundi 10 août, à trois ans de prison ferme, a annoncé la presse algérienne citant l'avocate Zoubida Assoul. Le parquet avait requis quatre ans de prison ferme contre lui pour « avoir couvert une manifestation dénonçant le système politique algérien ». Khaled Drareni, 40 ans, est présenté à l'international comme « le journaliste que l'Algérie veut faire taire ». Après avoir été placé en détention provisoire depuis mars, le journaliste indépendant et correspondant pour TV5 Monde et Reporters Sans Frontières (RSF) s'est vu condamné à une lourde peine de prison. Khaled Drareni, 40 ans, est devenu le symbole d'un journalisme sans concessions et transparent dans un pays où la presse est soumise au pouvoir. Depuis le début des manifestations pacifiques du Hirak Algérien, le journaliste a été présent tous les vendredis avec les manifestants pour couvrir les revendications du peuple. Animé d'un patriotisme sans faille et de courage, le journaliste a fait une large couverture des manifestations notamment à travers Twitter où il postait vidéos et des direct depuis les manifestations depuis la capitale Alger. Depuis l'élection controversée du président algérien Abdelmadjid Tebboune, le pouvoir algérien a renforcé sa répression contre toute forme de voix dissidente et a surtout porté un coup dur à la liberté d'expression et au journalisme en interdisant les manifestations et en arrêtant plusieurs journalistes, bloggeurs et opposants politiques. « C'est un verdict très lourd pour Khaled drareni. Trois ans ferme. On est surpris. Le dossier est vide », a déclaré Me Nouredine Benissad, un avocat du collectif de défense du journaliste Khaled Drareni, et aussi président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADH). Les deux co-accusés du journaliste, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux figures du mouvement de contestation antirégime « Hirak », ont quant à eux été condamnés chacun à deux ans de prison, dont quatre mois ferme. Outre les 3 ans de prison ferme, le journaliste et ses deux co-accusés écopent d'une amende de 50 000 dinars ( 3.600 dirhams) selon l'avocate Zoubida Assoul, citée par TSA. Alors que M.Hamitouche et M.Benlarbi ont bénéficié, jeudi 2 juillet, d'une remise en liberté provisoire, Khaled Drareni lui a été maintenu en détention, une preuve de plus qu'il s'agit d'un règlement de compte de la part du pouvoir Algérien qui cherche à museler la presse et donner une leçon à ceux qui seraient tentés de faire leur travail de journaliste. Pour avoir fait son travail de journaliste, Khaled Drareni a été jugé pour « atteinte à l'unité nationale » et « d'incitation à attroupement non armé » pour avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation du Hirak. Le 3 août, le procureur avait requis quatre années de prison ferme contre lui. Lors de sa précédente audience qui s'est déroulée par visioconférence, le journaliste est apparu amaigri et a rejeté les accusations portée contre lui, soutenant n'avoir fait que son « travail en tant que journaliste indépendant » et avoir exercé « son droit à informer ». Depuis son incarcération, Khaled Drareni fait l'objet d'une campagne de sympathie internationale et plusieurs voix se sont élevées appelant à sa libération. « Les autorités algériennes doivent relâcher immédiatement et sans condition Khaled Drareni, d'autant qu'il n'existe aucune preuve qu'il ait fait autre chose que son métier de journaliste », a plaidé dans un communiqué le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), ONG basée aux Etats-Unis. « Une condamnation à une peine de prison serait la preuve d'une dérive autoritaire du pouvoir algérien« , avait pour sa part alerté RSF, ajoutant qu' »elle confirmerait que le pouvoir algérien a tourné le dos aux idéaux de l'indépendance du pays« .