La polémique gonfle autour de la grève de la faim menée par les deux journalistes en détention, Omar Radi et Souleimane Raissouni. Plusieurs instances des droits de l'homme, voire même des politiciens, ont appelé à la libération immédiate des journalistes suite à la détérioration de leur état de santé. Une pétition a même été signée par plus de 100 journalistes pour les mêmes revendications, à quelques détails près. Mais rien n'y fait. Les deux journalistes sont toujours en détention. Et la DGAPR ne l'entend pas de la même oreille. La Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR), a en effet réagi aux revendications de l'ensemble des parties, mais pour remettre les pendules à l'heure! Dans une mise au point publiée mardi en réponse à une question adressée par des députés du Parti de la Justice et du Développement (PJD) au Chef du gouvernement suite à la grève de la faim observée par les deux détenus, Souleimane Raissouni et Omar Radi, et qui a largement été relayée par les médias sociaux, la DGAPR a relevé que « la grève de la faim annoncée n'a aucun lien avec les conditions de leur détention, comme il l'ont eux-mêmes affirmé lors de la visite qu'ils ont reçue de la part du directeur de l'établissement pénitentiaire dans une tentative de les en dissuader ». D'après la DGAPR, le but de cette grève des deux détenus, n'est autre que leur libération, notant qu'elle n'a aucune responsabilité dans les éventuelles répercussions de cet acte sur leur état de santé. Nous sommes-nous égarés de la revendication phare dans cette affaire ? Le journaliste Omar Radi, détenu depuis juillet 2020 à la prison locale d'Oukacha-Casablanca, est accusé de « financements étrangers, d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat » et « d'avoir violé » . Il s'agit de deux affaires jugées conjointement par la chambre criminelle de la Cour d'Appel de Casablanca. Omar a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Sa défense a récemment demandé à ce qu'il soit remis en liberté provisoire et qu'il puisse ainsi accéder à son dossier. Mais cette requête a été refusée pour la énième fois. Pour l'ex-rédacteur d'Akhbar Al Yaoum, Souleimane Raissouni, il est poursuivi sous le chef d'inculpation de « viol avec violence et séquestration » et est détenu également au pénitentiaire d'Oukacha depuis mai 2020. Raissouni a toujours clamé son innocence dans cette affaire depuis le premier jour de son interpellation. Comme son confrère, sa demande de liberté provisoire ne lui a jamais été accordée. Depuis leur arrestation, les militants des droits de l'Homme et les ONG ont appelé à la libération immédiate de Radi et Raissouni pour les poursuivre en état de liberté, vu qu'ils répondent à l'ensemble des critères pour bénéficier de cette mesure, tout en leur permettant de bénéficier aussi d'un procès équitable. Une revendication qui n'a pas été prise en compte par la DGAPR dans son communiqué du mardi 20 avril. DGAPR : Une grève de la faim ne suffit pas pour libérer un détenu « Il n'a jamais été question de libérer les deux journalistes sans les juger dans les affaires pour lesquels ils sont poursuivis. Ce que nous avons toujours revendiqué, c'est le fait de les poursuivre en état de liberté vu qu'ils répondent à l'ensemble des conditions. Par la suite, qu'ils soient jugés équitablement. Nous ne voulons en aucun cas interférer dans le travail de la justice, mais nous demandons à ce qu'ils bénéficient de leur droit constitutionnel, à savoir un procès équitable« , a précisé à Hespress Fr un journaliste signataire de la pétition pour la libération des deux journalistes. La DGAPR, elle, ne l'entend pas de la même oreille. Elle a négligé cette revendication phare, pour tirer à boulets rouges sur le groupe parlementaire du PJD, et sur les « prétendus défenseurs des droits de l'Homme« . « Comme par le passé, le même groupe parlementaire a adressé une question au Chef du gouvernement tout en la faisant fuiter » a indiqué la DGAPR dans son communiqué, regrettant « l'utilisation de ce que ces parlementaires considèrent comme un dossier relatif aux droits de l'Homme pour atteindre des objectifs étriqués, alors qu'il s'agit de deux affaires de droit commun, comme en atteste le fait qu'ils insistent sur ces deux détenus uniquement ». Pour la direction pénitentiaire, les députés ont volontairement fait fi de la précédente mise au point de la direction de l'établissement pénitentiaire Ain Sebaa 1 sur les conditions de détention et la grève de faim des deux détenus concernés, « pour se greffer aux voix de prétendus défenseurs des droits de l'Homme appelant à la libération des détenus, et ce en parfaite contradiction avec l'indépendance de la Justice et des droits des autres parties concernées par ces deux affaires. Comme si le simple fait d'entamer une grève de la faim suffisait à libérer des détenus même en flagrante violation des lois ». En tout cas, la DGAPR n'a pas donné suite à la requête principale des défenseurs des droits de l'homme dans cette affaire, car ne relevant tout simplement pas de ses compétences, mais elle n'en tacle pas moins les « prétendus défenseurs des droits de l'Homme » ou encore les parlementaires du PJD. L'affaire des deux journalistes est aujourd'hui sur la table du chef du gouvernement Saad Eddine El Otmani. Il y a eu la question du groupe parlementaire du PJD mais aussi la question écrite du député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Mostafa Chanaoui. Pour ce dernier, El Othmani a une autorité sur tous les départements concernés par cette affaire, mais il n'est pas intervenu. Après la réaction de la DGAPR, on attend maintenant celle du chef du gouvernement …