Présentée par le ministre de la Justice, garde Sceaux, le régime algérien a pris acte en Conseil mercredi dernier d'un projet de loi modifiant et complétant le « Code de la nationalité algérienne ». Le communiqué de la primature, précise en outre que « le texte prévoit la mise en place d'une procédure de déchéance de la nationalité algérienne acquise ou d'origine qui sera applicable à tout Algérien qui commet, en dehors du territoire national, des actes portant volontairement de graves préjudices aux intérêts de l'Etat ou qui portent atteinte à l'unité nationale ou adhère à une organisation terroriste » ajoutant, « Ce dispositif ''législatif'' concerne également toute personne qui collabore avec un Etat ennemi ». On ne peut vraiment définir ce que signifie le mot terrorisme chez les voisins tant l'Algérie en est garante au Sahel et à nos portes. Par contre les intérêts de l'Etat, sont aussi clairs qu'eau sur roche, ils ont trait à ceux des généraux & Co, au trafic de cocaïne du fils Tebboune... suivez d'autres regards. Quant à l'unité nationale, on ne vise ni plus ni moins que le Hirak algérien en Europe qui sait si bien rendre les échos partis des rues d'Alger ou d'ailleurs en Algérie. Pour ce qui est de l'Etat ennemi on devine aisément qui est dans le collimateur des généraux d'Algérie. Mais en réalité cette loi dite de « déchéance de nationalité », c'est une nouvelle arme que brandie la junte militaire algérienne pour mieux serrer la vis aux Algériens in et out. Et le peuple en Algérie de s'interroger bien avant toute chose de l'opportunité du calendrier et quels sont les objectifs de cette loi et de sa teneur ainsi que les intentions du pouvoir algérien. Cette loi est proposée alors que l'Algérie fait face à des remous sociaux sans ambiguïté (Hirak, Ouargla, pandémie, crise économique etc...) et surtout au moment où le Parlement algérien a été dissout. Le régime algérien en profite pour la faire passer par la voie de la promulgation par ordonnance. Quelle est donc l'urgence qui appelle à l'adoption d'un tel texte, si ce n'est que de s'outiller juridiquement pour mieux gérer la chose sécuritaire de la contestation en Algérie. Par ailleurs, à travers cette action le régime algérien stigmatise dangereusement la diaspora algérienne en traçant désormais une ligne claire entre les Algériens résidents au Bled et leurs compatriotes qui vivent à l'étranger. N'importe quel Algérien du coup, vivant ou juste étant à l'étranger, est passible d'un »déchoir » de nationalité pour la moindre raison dès lors que sa bouille ne plairait pas à un Changriha ou à un autre oligarque algérien. Prenons l'exemple de l'Algérien en visite au Maroc interviewé par n'importe quel média marocain sur la gouvernance algérienne ou autre sujet qui fâcherait « mon général ». Le malheureux en risquerait la déchéance de sa nationalité parce que le Maroc est « politiquement » présenté comme un « ennemi » par le régime algérien. Pourtant le peuple attendait une autre approche dans le traitement de la crise socio-économico-politique que vit l'Algérie, dans une conjoncture marquée par le retour des manifestations de rue, la montée fulgurante du chômage, un pouvoir d'achat qui ''se'' laisse à désirer, une gouvernance de bricolage des plus approximatives et loin de la réalité, itou itou. L'Algérie semble-t-il, a ratifié la Convention de New York de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie, où il est dit que tout individu a droit à une nationalité, et que nul n'en peut être arbitrairement privé, ni du droit d'en jouir etc... et que donc cela se rapporte à la seule liberté individuelle de la vouloir ou non. Aussi, les Etats y contractants sont sommés de n'en priver aucun individu si cette privation doit le rendre apatride. L'apatridie est en outre combattue par la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. A l'international l'Etat algérien ne pourra donc rendre l'un de ses ressortissants apatride que si l'Algérie renonce à tous ses engagements internationaux en s'excluant ainsi de la communauté internationale. Mais là est le moindre des maux, l'Algérie est connue depuis lurette pour être la plus grande dictature du Bassin Méditerranéen. Dans la plupart des pays du monde, appliquant la déchéance de nationalité elle a trait aux binationaux ou aux personnes ayant acquis une deuxième ou une nouvelle nationalité pas au nationaux. Avec ce nouveau projet de loi proposé par Belkacem Zeghmati, l'Algérie rejoint la catégorie des pays les plus arriérés en termes droits civiques. A ratisser large, on ne voit pas une mère renier son fils quel que soit le crime commis. « On ne choisit pas les trottoirs de Manille de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher, être né quelque part ».