La diaspora algérienne s'emploie à entretenir en France la vigueur du soulèvement populaire antirégime, mis sous l'éteignoir par une vague de répression sans précédent du régime. Membres de la diaspora algérienne ou binationaux, plusieurs centaines de militants du mouvement de protestation populaire algérien ont défilé dimanche 29 août dans Paris pour réclamer de nouveau un changement général de régime en Algérie. «Système agonisant», «Pouvoir dictatorial», «Pour la libération de tous les détenus d'opinion», une dizaine de collectifs se sont regroupés pour appeler à marcher, très symboliquement, entre la place de la République et celle de la Bastille. Les marcheurs brandissaient à la fois des drapeaux amazigh (berbères) et algériens, mais aussi marocains et étaient venus en famille. Durant cette manifestation, les protestataires ont soutenu que la décision de rompre les relations avec le Maroc «n'est qu'une tentative du pouvoir de détourner l'attention de ses citoyens des échecs internes et externes, en créant un ennemi virtuel qui est le Royaume du Maroc» selon nos sources. Vendredi, l'ambassade du Maroc «a fermé, l'ambassadeur et l'ensemble du personnel ont été rapatriés à Rabat», a indiqué une source médiatique. Les autorités algériennes ont annoncé mardi la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, avançant des accusations infondées, voire fantaisistes. Le Maroc a, pour sa part, regretté cette décision «complétement injustifiée» et a rejeté «les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent». Tous les manifestants étaient d'accord pour rejeter plusieurs faits, la légitimité du président algérien Abdelmadjid Tebboune, mal élu en décembre 2019, la réforme de la Constitution, les élections législatives boudées par la société civile, et le dernier virage autoritaire du régime. Ils en veulent toujours au régime qui préparait un projet de loi visant à déchoir des Algériens de la diaspora de leur nationalité, notamment pour des actes «préjudiciables aux intérêts de l'Etat», retiré in extremis après avoir suscité une violente polémique. Avant quelques semaines, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit «de plus en plus préoccupé» par la situation en Algérie où plusieurs droits fondamentaux, comme les droits à la liberté d'opinion et de réunion pacifique, «continuent d'être attaqués», expliquant notamment que des marches pacifiques avaient été empêchées par les autorités. Déterminé à mettre fin au mouvement contestataire du Hirak, le pouvoir algérien a interdit ses manifestations et multiplie les poursuites judiciaires sous faux prétextes contre opposants, activistes, journalistes et universitaires. Plus de 300 Algériens sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien. À la suite de la décision algérienne, le Maroc a a souligné qu'il «restera un partenaire crédible et loyal pour le peuple algérien et continuera d'agir, avec sagesse et responsabilité pour le développement de relations intermaghrébines saines et fructueuses», selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.