Nommées pluies bienfaitrices elles ravivent les espoirs des Marocains car elles sont la bouée de sauvetage pour nombre d'agriculteurs qui n'attendent qu'elles. Aussi, au regard de la pluie et neige à venir entre aujourd'hui et demain dans le centre sud du Maroc (niveau orange), l'espoir demeure grand car les préparatifs de la saison agricole sont en retard par rapport au calendrier, on va dire, normal de la chose. Sans irrigation par voie de barrages, le monde agricole n'a d'autre choix que de lever les yeux vers le ciel et scruter le moindre nuage à l'horizon dans l'attente de pluies qui se font de plus en plus rares ou quand c'est le cas, de puiser dans une nappe phréatique surexploitée depuis des années. Houcine Youaabed, le chef de service communication de la météorologie nationale, a confié à Hespress que « des nouveaux développements ont ouvert la voie à un courant sud-ouest transportant des nuages pluvieux, qui comprendraient de nombreuses régions. Les pluies incluront les plaines de l'Atlantique nord, les régions du Souss, les hauts plateaux d'Oulmès et les montagnes de l'Atlas, et que la plupart des précipitations seront modérées dans les régions de Chiadma, El Haouz ainsi que les côtes atlantiques avec vents (dans l'Est) et baisses de températures ». Qu'à cela ne tienne ! les agriculteurs en espèrent une nouvelle saison toute de signes de production abondante, et pour le petit agriculteur mais également pour toutes les composantes agricoles petites et grandes entreprises, coopératives etc. qui ont souffert des difficultés de gestion de leur produit uniquement en interne, après l'arrêt du processus d'exportation surtout dans des régions spécifiquement nourricières et exportatrices. La région du Souss-Massa, au centre du Maroc est la première concernée, et elle tente de faire face aux sécheresses sévères dont elle est victime. Le stress hydrique qu'elle subit fragilise fortement son premier secteur économique, l'agriculture, l'activité la plus rentable de la région avant la pêche ou le tourisme. « Le déficit en eau de surface est de 94 %. Nous n'avons jamais observé pareille chose à l'échelle du bassin : c'est inquiétant », reconnaissait Abdelhamid Aslikh, responsable à l'Agence des bassins hydrographiques pour la région au début du mois lors d'un entretien avec un quotidien français. Il faut dire également que jamais la région n'avait connu une sécheresse aussi sévère. Depuis début octobre, le stress hydrique est tel que l'eau des robinets est coupée entre 22h et 5h du matin à Agadir. Une mesure de « précaution qui a permis d'économiser 20 % de l'eau gaspillée la nuit », dira Abdelhamid Aslikh. « Certains agriculteurs se retrouvent à arracher certaines variétés d'agrumes pour ne se concentrer que sur celles qui sont les plus rentables », expliquait pour sa part dans le même article Lhoussaine Bouchaou, professeur à l'Université Ibn Zohr à Agadir et affilié à l'Institut International de Recherche en eau de l'Université Mohammed VI Polytechnique. « C'est le seul moyen pour eux de ne pas se retrouver sur la paille ». En 2008, le Maroc avait lancé une mesure ambitieuse pour le secteur agricole avec le Plan Maroc Vert. Sa stratégie avait pour ambition de permettre l'économie de deux milliards de mètres cubes d'eau d'irrigation. Il avait également pour but d'améliorer les moyens de production et les revenus des petits agriculteurs. Le barrage Abdelmoumen, jadis château d'eau de la région d'Agadir n'irrigue plus les terres agricoles depuis 2017. Aujourd'hui, il est même à sec. A l'échelle nationale, le taux de remplissage des barrages au Maroc plafonnait à moins de 37% fin octobre, contre 45,6% à la même période l'année dernière. Et c'est autour d'Agadir, première région exportatrice d'agrumes et de primeurs, que les réserves sont au plus bas. Le gouvernement a introduit le plan « Génération Green 2020-2030 » accompagné du plan « Forêts du Maroc » et vise à investir davantage dans ce même secteur, en multipliant au passage la création d'emplois. En outre, dès avril 2021, une usine de dessalement de l'eau de mer (parmi les trois à enter en activité en 2021 au Maroc) devrait voir le jour à Agadir, histoire de combler le déficit en eau potable de la région et permettre d'irriguer de nouveau une partie des terres agricoles. Le déficit annuel des ressources souterraines est estimé à 90 millions de m3 dans le Sous Massa.