La France compte faire pression sur les pays du Maghreb qui refuseraient d'accueillir leurs ressortissants en situation irrégulière et de radicalisation, et ce en agitant la menace des visas. Dans un entretien accordé à la radio Europe 1, Clément Beaune, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, a affirmé que le président français Emmanuel Macron et Gérard Darmanin, son ministre de l'Intérieur, « envisagent » de faire fonctionner des leviers de pression sur les pays qui refuseraient de soumettre aux expulsions envisagées par la France. « Il faut dire à ces pays qu'ils doivent reprendre les personnes qui sont identifiées comme leurs ressortissants», a déclaré Clément Beaune, affirmant que parmi les mesures qui pourraient faire pression figure la limitation des visas accordés, au moment où les demandes de visas depuis les pays du Maghreb vers la France augmentent d'année en année. Le ministre de l'Intérieur français avait effectué ces derniers jours une tournée dans les pays du Maghreb, au Maroc, une visite écourtée car perturbée par un attentat en France, puis quelques semaines plus tard, en Tunisie et en Algérie. Alors que la France a subi une succession d'attentats terroristes ces derniers mois, Paris cherche à expulser toutes les personnes fichées « S » pour « radicalisation » vers leur pays d'origine. Mais face à cette mesure, certains pays pourraient refuser. C'est le cas de la Tunisie qui a connu de sévères manifestations en 2016 lorsque cette possibilité à été envisagée pour expulser des Tunisiens ayant rejoint des groupes djihadistes en Syrie. « Nous avons des leviers pour le faire, par exemple les visas [...] en ciblant des responsables politiques, des responsables économiques. Oui, c'est un des leviers que le président de la République, que le ministre de l'Intérieur envisagent », a-t-il ajouté. Il s'agit aussi d'expulser les personnes en situation irrégulière notamment les mineurs, avait annoncé Gérard Darmanin. Le ministre avait présenté lors de ces visites une liste de personnes à expulser à ses homologues marocain, algérien et tunisien. La France compte 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour « radicalisation », dont une soixantaine de Tunisiens, le même nombre de Marocains et un peu plus d'Algériens, selon le ministère français de l'Intérieur. Pour parer à toutes les éventualités, Paris qui a fait de ces expulsions une priorité, va tenter de négocier une action de groupe avec les autres pays de l'Union européenne, notamment sur la question des visas Shengen. « A un moment il faut être concret, efficace [...] On respecte nos partenaires mais en Européens, avec nos partenaires européens, on doit mettre cette pression », a déclaré M. Beaune. « Là aussi il faut sortir de la naïveté, il faut passer par une action européenne parce que nous sommes plus forts dans ces pressions » a-t-il estimé. Depuis la crise sanitaire du coronavirus, les tentatives d'immigration illégale à travers la méditerranée depuis les différents pays d'Afrique du Nord ont augmenté. Selon l'agence européenne de contrôle des frontières Frontex, 5.225 Algériens ont emprunté la route de la Méditerranée occidentale et 865 celle de la Méditerranée centrale durant les huit premiers mois de 2020.