Paris avait annoncé la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants de l'Algérie en raison du refus de ce pays de délivrer les laissez-passer nécessaires au retour des personnes refoulées de France. La réalité des chiffres est encore plus cruelle. La séquence était hallucinante. Interpellé le 10 octobre sur la décision de Gérald Darmanin quant au nombre d'immigrés clandestins algériens à rapatrier depuis la France, Abdelmadjid Tebboune a déclaré que «Moussa (sic!) Darmanin a bâti un gros mensonge». «Il n'y a jamais eu 7 000 [Algériens à expulser]. La France a évoqué avec nous plus de 94 [Algériens]. Jamais il n'y en a eu 7 000», a déclaré Tebboune. Chiffres incorrects, vérifiés par Le Monde. «Le gouvernement français a annoncé le 28 septembre une réduction drastique de 50 % du nombre de visas accordés aux ressortissants algériens. Pour justifier cette mesure, il a dénoncé le manque de coopération de l'Algérie dans l'application des OQTF et dans la délivrance des laissez-passer consulaires qui permettent de reconduire dans leur pays d'origine les immigrés» écrit Le Monde ce 14 octobre et qui affirme que l'Algérie «n'a délivré que 5 % des laissez-passer consulaires demandés par la France». «Selon les chiffres du ministère de l'intérieur, entre janvier et juillet 2021, la justice a ordonné 7 731 OQTF, mais seulement 22 ressortissants algériens ont effectivement été expulsés. Le ministère de l'intérieur a mis l'accent sur le fait que la France n'avait pu expulser que 0,3 % des OQTF. Comprendre : l'Algérie refuserait d'accorder des laissez-passer consulaires, freinant des expulsions déjà rendues difficiles par la crise sanitaire et les fermetures des frontières» mentionne le journal français. Du côté algérien, le président Tebboune rejette ce chiffre de «7 000», et ne parle que d'une liste de «94 cas». Contacté par Le Monde, «le ministère de l'intérieur confirme avoir envoyé entre janvier et juillet 2021 des demandes de laissez-passer consulaires pour 97 personnes ultra-prioritaires (et non pas 94, comme l'affirmait M. Tebboune) en situation irrégulière inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT)» a-t-on précisé. «Mais le représentant de la place Beauvau insiste sur le fait que d'autres demandes ont été effectuées auprès des autorités algériennes pour des profils spécifiques, à expulser en priorité, notamment des personnes qui sortent de prison (trafic de stupéfiants, crimes...)» ajoute-t-on. Au total, selon les autorités françaises, «597 demandes de LPC concernant des personnes placées en rétention et devant être expulsées ont été formulées entre janvier et juillet. Parmi celles-ci, l'Algérie n'en a délivré que 31, soit 5 %, relève le ministère de l'intérieur. Pour appuyer le manque de coopération consulaire, le ministère insiste sur le fait que le taux d'obtention de laissez-passer demandés à l'Algérie était de 56,3 % en 2019 et de 34 % entre janvier et août 2020» a-t-on précisé. «S'il y a bien eu près de 7 300 clandestins algériens visés par une telle procédure, la France n'a formulé que 597 demandes à Alger entre janvier et juillet 2021. Un taux de 5 % qui reste trop faible pour le gouvernement français, et qui justifie, selon lui, la réduction drastique de demandes de visas accordés pour l'Algérie» a-t-on conclu.