Le nombre de contaminations Covid-19 dans les rangs des infirmiers et techniciens de santé depuis le début de la pandémie au Maroc, a atteint les 750 cas positifs. Deux autres infirmières ont trouvé la mort à Casablanca et un autre dans la ville de Bouaarfa, des suites de leur contamination. Et pourtant, ces données n'ont jamais été dévoilées au public par le ministère de la santé lors de son point quotidien sur la situation épidémiologique dans le pays ni séparément d'ailleurs, à l'instar d'autres pays,, comme la France qui fait un point régulier sur la situation épidémiologique au sein du personnel de santé. Une « négligence » ou encore un « je m'en foutisme » du ministère de tutelle, déplorés par cette catégorie de professionnel de santé aux premières lignes du front face à la pandémie depuis son tout début. Dans une déclaration à Hespress Fr, Fatima-Zahra Beline, coordinatrice du comité média au sein du Mouvement des infirmières et des techniciens de santé (MITSM), nous indique que le nombre est beaucoup plus important et plus élevé. Cependant, aucune confirmation de ces chiffres ni même rectification n'a été opérée par le département de Khalid Ait Taleb face à l'inquiétude de cette catégorie de corps soignant. « Nous ne suivons que les cas que nous pouvons compter à travers les coordinateurs du mouvement dans les régions du Royaume. Il est donc nécessaire aujourd'hui de mettre en évidence l'obstination du ministère de la santé de garder le secret sur ces données, chose que nous déplorons », dit-elle, notant que « tous les pays comptent les cas dans les rangs des cadres de santé, par reconnaissance au travail qu'ils accomplissent et par crainte pour la santé des citoyens que le virus ne leur soit transmis par le personnel soignant qui est en contact quotidien et direct avec les patients ». Qu'en est-il de la prise en charge des infirmiers contaminés? Lorsqu'un infirmier ou techniciens de santé est contaminé, il est livré à lui-même, nous affirme Fatima-Zahra Benine. Elle nous confie qu'une de ses consœurs a été confirmée récemment positive au Covid-19. Elle n a pas été contactée par le service « Allô Yakada », chargé selon notre interlocutrice de recenser le nombre de cas contacts avec l'infirmière, qui a d'ailleurs fait l'ECG elle-même. Etant asymptomatiques, l'infirmière contaminée est donc confinée chez elle. Mais la problématique qui se pose est qu'elle habite un quartier populaire de Salé, dans un petit appartement, avec ses frères et sœurs et ses parents. Aucun de ces derniers n'a été testé. « Cette consoeur est entrée en contact avec un nombre important de personnes que ce soit à l'hôpital où elle travail ou encore dans son quartier. Aucun suivi des cas contacts n'a été fait. Cela conduit automatiquement à la propagation du virus, puisque non seulement la prise en charge ne se fait pas dans les règles de l'art, même quand c'est le cas c'est tardivement, mais le dépistage des cas contacts ne se fait quasiment pas dans les rangs des infirmiers et techniciens de santé contaminés », déplore-t-elle. Au front face au COVID-19 depuis le début de son apparition dans le pays, les infirmiers et techniciens de santé du Maroc s'attendaient au moins à une prise en charge correcte de la part de leur tutelle, s'indigne Fatima-Zahra. « La prise en charge se fait tardivement. Les infirmiers et techniciens de santé contaminés ont été délaissés malgré les sacrifices qu'ils ont consentis. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'un infirmier ou technicien de santé peut être un vecteur de transmission du virus s'il n'est pas testé au quotidien après son passage dans les services COVID-19 et s'il n'est pas pris en charge à temps » souligne-t-elle. Pour conclure: « Pour montrer une certaine reconnaissance envers cette catégorie de professionnels de la santé, la tutelle doit au moins leur accorder une prime de risque qui prend en considération ce danger auquel ils sont exposés ».