Un dialogue social est aujourd'hui ouvert avec les différents partenaires du secteur de la santé publique. Cette fois-ci, les infirmiers et techniciens de santé espèrent obtenir leurs « droits légitimes » et à leur tête « l'équité dans la prime de risque« . Une revendication qui revenait en force à chaque fois, et depuis des années, dans les différentes actions de protestation menées par le Mouvement des infirmiers et des techniciens de la santé du Maroc (MITSM). Aujourd'hui, sa réalisation est devenue pressante, a assuré le mouvement dans un communiqué. « Chaque année, c'est toujours la même revendication qui revient sur la table. L'équité dans la prime de risque. Nous sommes en tant qu'infirmiers au front face aux risques, chose que le Covid-19 a bien confirmé. L'OMS a d'ailleurs assuré que 80% des services médicaux sont dispensés par les infirmiers. Il est donc inconcevable en tant qu'infirmier, de recevoir une prime de risque de 1.400 dhs alors que les médecins touchent entre 2800 et 5900 dhs. Des fois la prime de risque des médecins peut atteindre le salaire d'un infirmier », explique à Hespress Fr Fatima-Zahra Biline, infirmière et membre du MITSM. Pour la militante, la prime de risque perçue par les médecins est « méritée et indiscutable vu la nature du travail qu'ils accomplissent« . Consciente de l'ampleur des risques (sangs, microbes, virus …) auxquels sont confrontés au quotidien, médecins et infirmiers, Fatima-Zahra souligne en plus que « si l'un des deux professionnels est touché par une maladie lors de l'exercice de sa fonction, aucune prime ne pourra lui rendre sa santé« . Ce que déplore en revanche notre interlocutrice, est le fait que « le ministère de la santé ait supprimé cette demande des infirmiers, et fait passer la revendication de 5.000 infirmiers, qui demandent une promotion exceptionnelle (âge ...), comme étant une réclamation qui concerne les 30.000 infirmiers du Maroc« . Pour rappel, cela fait 6 ans que le mouvement réclame, à travers les sit-in et marches, pour une équité de la prime de risque. » Le ministère applique l'équité pour une catégorie limitée d'infirmiersau détriment de la plus grande majorité« , dit-elle. Photo Mounir Mehimdate Qu'en pensent les syndicats ? Apparemment, une partie des syndicats les plus représentatifs du secteur ne sont pas sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne les réclamations avancées par le MITSM. D'après une lecture personnelle de notre interlocutrice « quelques syndicats sont plutôt faibles en cette période, et subissent la pression de la tutelle« . « On s'attendait à ce qu'ils soient à nos côtés. Ce n'est pas le ministère qui va leur imposer les règles mais c'est à eux d'affirmer leur vision et défendre les vraies réclamations des infirmiers et techniciens de santé. S'ils ont réellement une vision du secteur. Face à la pression de la tutelle, ils réduisent les revendications des infirmiers et techniciens de santé à une catégorie limitée« , explique-t-elle. Et d'ajouter : « Il y a eu plusieurs dialogues sociaux qui sont passés, il y a eu le Covid-19. Mais rien n'a changé. Mis à part le système LMD (Licence-Master-Doctorat) dont on est fièr et qui nous permettra d'améliorer la profession. A part ça, il n'y a eu aucune avancée concernant notre dossier revendicatif qui traine depuis des années« . S'agissant de la prime Covid-19 que les infirmiers et techniciens de santé n'ont toujours pas touchée, ils n'en veulent pas. » On est fièr d'avoir servi notre pays. C'est notre devoir. On ne veut pas de prime. On veut juste nos droits légitimes. La plus grande rémunération qu'on peut nous offrir c'est la réalisation de notre dossier revendicatif, à sa tête l'équité dans la prime de risque, pour laquelle nous militons depuis des années« , a-t-elle tranché. « Depuis le début du Covid-19 dans le pays, on a travaillé dans des conditions très difficiles qu'on n'a pas dévoilées jusque-là. Un manque de ressources humaines énorme que le ministère a lui-même estimé à 50.000 infirmiers et techniciens, alors que l'OMS l'a estimé à 64.000. Le ministère est conscient que nous travaillons en sous-effectif. Il ne dévoile pas les chiffres des cas confirmés Covid dans les rangs des infirmiers et techniciens de santé, et que nous estimons à plus de 500 cas parmi les infirmiers …. Au bout d'un moment, il doit assumer ses responsabilités et jouer son rôle« , a affirmé Fatima-Zahra. Photo Mounir Mehimdate Alors qu'une rencontre est prévue, demain jeudi 17 septembre, entre les syndicats les plus représentatifs du secteur de la santé et le département de Khalid Ait Taleb au siège du ministère de la Santé à Rabat, le MITSM organise un sit-in devant le ministère. Ce sit-in intervient en plein dialogue social, pour rappeler à la tutelle « l'urgence d'appliquer l'équité dans la prime de risque« , qui figure en tête de liste des revendications pressantes du mouvement, mais également pour soutenir les syndicats et les pousser à parler de ce point, que le ministère a écarté de ses comptes selon notre interlocutrice. Des sit-in régionaux sont également prévus les 17 et 24 septembre devant les directions régionales du ministère de la santé.