Après les protestations du Mouvement des Infirmiers et Techniciens de Santé (MITSM) et la grève prévue pour les 18 et 19 novembre, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb sort enfin de son silence, affirmant mardi à Rabat, que des efforts soutenus sont déployés en vue de combler le manque des cadres infirmiers. Le nombre de postes ouverts au titre de l'année 2020 s'est élevé à 2.410 postes, répartis en coordination avec les directions régionales pour l'organisation des concours de recrutement au niveau des régions, a indiqué M. Ait Taleb qui répondait à une question sur « le manque des cadres infirmiers ». Ainsi, le nombre des postes ouverts pour les infirmiers et les techniciens de santé au titre de l'année 2019 a atteint un total de 2.767 postes, dont 36% ont été affectés au milieu rural et aux zones enclavées, a-t-il poursuivi. D'autre part, l'année scolaire 2020-2021 a connu l'ouverture du concours d'accès aux Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé avec 3.145 postes, tandis que l'année 2019-2020 a enregistré l'ouverture de 2.735 postes. L'amélioration de la situation des professionnels de la Santé, en particulier les infirmiers par la réforme du système de formation « Licence-Master-Doctorat » (LMD) ainsi que la régularisation de la situation scientifique et administrative des infirmiers, fait partie des dossiers sur lesquels travaille le ministère, a-t-il assuré. En réponse à une autre question sur « le système de Santé au Maroc » posée par le groupe Istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, le responsable gouvernemental a estimé que le déficit en ressources humaines nécessite une révision du système de Santé. Après avoir appelé à repenser le système sanitaire au Royaume dans sa globalité, Khalid Ait Taleb a souligné qu'il est nécessaire de poursuivre la répartition équitable des postes, puisque 80% des ressources humaines sont centrées dans certaines régions. La gouvernance en matière de santé doit se baser sur des fondements liés notamment à l'élaboration d'un programme médical régional, a-t-il estimé, expliquant à cet égard que l'approche régionale se veut le seul moyen à même d'assurer le succès du système de santé. Ces fondements reposent également, selon le ministre, sur l'accompagnement de toutes les réformes du système de santé à travers la mise en œuvre du schéma directeur pour mettre en place un nouveau système informatique intégré basé sur le dossier médical numérique du citoyen pour garantir une bonne gestion des services de soin (celui-ci concerne actuellement cinq régions: l'Oriental, Fès-Meknès, Marrakech-Safi, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Béni Mellal-Khénifra), outre l'acquisition des équipements nécessaires pour sa mise en service. Des réponses loin d'être à la hauteur des revendications du MITSM Les manifestations du Mouvement des Infirmiers et Techniciens de Santé au Maroc (MITSM) interviennent suite aux conclusions « surprenantes et décevantes » du dialogue social qui avait été ouvert, le 16 septembre, avec les différents acteurs du secteur de la santé. En plus de la création d'un Ordre national des infirmiers et techniciens de santé et de la mise en place d'un référentiel des emplois et compétences des métiers paramédicales, le Mouvement appelle à revaloriser la prime de risques liés à la profession, et à percevoir une prime spéciale COVID. Deux revendications phares du mouvement que le ministère de tutelle n'a pas cité dans les conclusions du dialogue social. Le MITSM explique qu'il ne faut pas confondre la promotion de quelque 5.000 infirmiers avec une réclamation qui concerne 30.000 infirmiers à travers le Royaume. Les infirmiers déplorent que leur prime de risque atteigne à peine 1.400 DHS alors que les médecins perçoivent entre 2800 et 5900 DHS, sachant que l'OMS a affirmé que 80% des services médicaux sont dispensés par les infirmiers. Le manque des ressources humaines et d'équipements fait également partie des failles structurelles à combler, selon les membres de la MITSM, qui se plaignent des conditions accablantes dans lesquelles ils travaillent depuis des années et que la COVID a mises en évidence. Il convient de noter, dans ce sens, que le ministère de tutelle avait estimé le nombre du personnel manquant à 50.000 infirmiers et techniciens de santé, alors que l'OMS l'a estimé à 64.000.