Les Marocains célèbrent, l'Achoura autrement que de coutume cette année du moins pour le côté festif de l'ambiance car pour ce qui est du religieux on jeûnera pour la plupart et on s'acquittera de l'aumône tel que recommandé par le prophète Mohammed. Cette commémoration de « la délivrance des juifs du joug du pharaon d'Egypte » tient une place bien particulière parmi les fêtes religieuses. Elle est synonyme de retrouvailles, d'entraide et de solidarité et d'ambiance festive . En principe cette journée est dédiée aux familles qui se retrouvent toutes réunies pour partager un repas et faire don pour aider les plus démunis. La fête de Achoura est célébrée le 10 Moharram et vient du mot Achara (10). Au Maroc, elle est perçue, depuis des siècles, comme celle de l'enfance, de la famille et des traditions, et aussi comme un jour de partage et de charité. De l'Islam sunnite à l'Islam chiite en passant par le Maghreb, Achoura est vécue différemment. Jeûne, fête ou commémoration, chacun marque à sa façon cette journée. A cette occasion le commerce des jouets et des « tâarijas », ces tambourins traditionnels, ainsi que celui des fruits secs (fakia) et autres confiseries voire celui des matières pyrotechniques interdites (pétards) et autres moins explosives ayant trait aux bons et mauvais sorts chez l'herboriste du coin ou le (aatar) marchant d'épices est en pleine effervescence . Mais ce marché cette année, coronavirus (Covid-19) oblige, a pâti de la crise sanitaire qui a frappé le pays de plein fouet. Le peu d'enthousiasme de la part des citoyens au grand dam des commerçants a marqué l'Achoura. Et cela se vérifie sur le terrain à l'image de ce vendeur assis dans sa boutique parmi des centaines de tambourins «taaraj» et autres bendirs, à l'entrée d'un marché populaire du quartier Tabrikt de la ville de Salé. Il tente d'attirer les clients en jouant du tambourin mais malheureusement tentatives sont infructueuses, personne ne semble s'y intéresser. Omar, un commerçant vendeur de fruits secs à l'occasion de l'Achoura, dans son magasin d'un quartier de la ville de Salé, confirme que les commerçants ont connu une baisse des ventes conséquentes par rapport aux autres années, espérant tout de même que cela s'améliorera ce vendredi soir et le week-end. « Rien n'est plus comme avant. Ces dernières années, les autorités avaient l'habitude réserver des espaces pour les marchands spécialisés dans la vente de marchandises spécifiques à la commémoration de l'Achoura. La situation a changé cette année, les marchés quand marché il y a sont éparpillés en d'autres endroits où ils avaient coutume d'être ». Puis poursuivant « Avant, ils nous donnaient une place sur l'avenue de l'hôtel, mais cette année ce n'est pas le cas, on loue des boutiques et on essaye de vivoter. Les gens ont peu d'engouement, aussi il y a peu de demande ce qui impacte les ventes malgré une offre plus que suffisante. Il y a des gens qui ne sont pas sortis de chez eux ou qui ont fait fi des célébrations à cause de l'épidémie. Cela a détruit le marché de l'Achoura ». Reportage photographique Mounir Mehimdate