La spéculation, c'est connu est une règle d'or en temps de crise, le marché noir y fait son beurre. La pandémie du coronavirus (Covid-19) n'a pas échappé à la règle et l'Algérie en est l'exemple flagrant. En effet depuis plus de trois semaines, les Algériens font face à une sévère pénurie de semoule à la suite d'achats massifs de cette denrée de base. Tout le monde s'est précipité sur la chose, dévalisant les points de vente, ouvrant ainsi la voie à la spéculation et de là, à une répression tous azimuts. Cette frénésie a trouvé son origine dans une rumeur très relayée sur Facebook faisant état d'une rupture des stocks. Le président Abdelmadjid Tebboune a bien tenté d'apaiser la tension, rien n'y fait. Il a eu beau rassurer en évoquant des stocks de semoule suffisants « pour quatre ou cinq mois », les minoteries n'en étaient pas pour autant assaillies. Du coup, le vénéré ministère algérien du Commerce a , dans une circulaire émis mardi dernier, intimé l'ordre aux différentes semouleries du pays de ne plus distribuer la semoule directement aux consommateurs, rendant ainsi la situation plus compliquée. Le département recommandant sous peine de sanctions d'adopter l'ancienne procédure de vente en réactivant la chaîne de distribution qui se faisait via les grossistes et les détaillants. Depuis cette décision il est impossible de trouver un seul sac dans les épiceries et les grandes surfaces. Le désarroi gouvernemental est compréhensible au regard des innombrables longues chaînes et des échauffourées qui en découlaient pour se procurer cette denrée prisée et primordiale dans la culture alimentaire algérienne, la semoule étant un des produits de base en Algérie. De plus, des semouleries qui ne désemplissent pas, il y va de soi, constituent un danger pour la population car, qui dit foule, dit également un énorme vecteur de la propagation du coronavirus (Covid-19) d'où la préoccupation des autorités. Cet état de forte agitation est d'autant plus expliqué par le fait que nombre d'Algériens par mesure de protection ont nettement limité l'achat industriel ou artisanal de pain et autres vivres afférents à la semoule, de peur d'une transmission via leur boulanger. L'Algérien étant dans l'affaire l'un des plus grand consommateur de baguettes au monde, on imagine la confusion et pour la boulangerie du coin et pour le client qui devra désormais se rabattre sur la fameuse « kessra » made in home. Bref, ce dérèglement du marché a d'abord profité à certains grossistes qui logique mercantiliste oblige, n'en ont cure des petites habitudes du citoyen algérien. Ils ont stocké d'importantes quantités dans le seul but de spéculer. Abdelmadjid Tabboune & co qui ne badinent guère avec la fraîcheur de la baguette a lancé une véritable guerre à ces commerçants dans le cadre de « campagnes de lutte contre toutes formes d'activités commerciales illicites ». Dès lors on assiste un peu partout dans plusieurs régions du pays à des saisies de plusieurs quintaux de semoule. Le président a exhorté les Algériens à dénoncer publiquement les spéculateurs et les gendarmes encouragent la population à leur signaler « tout acte de spéculation, de monopole et de fraude ». En une semaine ce sont plus de 2 500 personnes qui ont été arrêtées pour avoir stocké des aliments de base et des produits parapharmaceutiques à des fins spéculatives, selon la gendarmerie. Durant cette même période, plus de 5 000 tonnes de vivres et quelque 219 000 articles de pharmacie ont par ailleurs été saisis Si cette répression a été saluée à juste titre, elle porte cependant à se questionner autrement puisqu'au petit jeu subtil « à qui profite le crime » les marchandises saisies, n'ont toujours pas été remises dans le circuit officiel du marché et donc à la vente et ce au détriment du citoyen comme toujours en Algérie.