Le jeune politicien et figure de l'opposition du système en place en Algérie, Karim Tabbou (46 ans), dans deux semaines ne devrait plus goûter à la paille de sa cellule. Il sera alors libre de ses mouvements car il a été condamné ce mercredi 11 mars 2020 par le tribunal de Sidi M'hamed à une année de prison dont six mois ferme et 50 000 dinars d'amende. A ce décompte le militant politique aura fini de purger sa peine le 25 de ce mois à moins d'un retournement de situation comme il est de coutume avec le parquet algérien. Le procureur avait d'ailleurs requis une lourde peine, 4 ans de prison. Karim Tabbou été relaxé pour le deuxième chef d'inculpation qui est l'incitation à des actes de violence de nature à porter atteinte à l'unité nationale. Il sera soumis à une période probatoire de 5 ans. La défense envisage de faire appel de ce jugement. Pour l'annonce du verdict tombé peu avant midi, Tabbou s'est présenté avec un pansement au nez et marchant difficilement. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le collectif qui milite en faveur des détenus d'opinion depuis le début du Hirak, le fourgon qui transportait le militant du pénitencier aurait subi un accident de la route. Le procès de cette figure proue du Hirak qui s'était tenu le 4 mars dernier au tribunal de Sidi M'hamed à Alger de sa résonance médiatique avait connu un retentissement tel aussi bien en Algérie qu'au-delà, qu'il s'était transformé en tribune contre le pouvoir et régime en place. Karim Tabbou avait notamment dénoncé les mauvais traitements qu'il avait subis lors de sa garde à vue. Alors que plus d'une centaine d'avocats le défendaient, des centaines de citoyens se sont rassemblés devant le tribunal de Sidi M'hamed pour lui témoigner leur soutien, malgré la répression et l'arrestation de plusieurs manifestants. Mais le procès de Tabbou a eu tout de la mascarade politique. Il avait été interpellé à son domicile le 11 septembre dernier, à Douéra, par des agents en civil et présenté devant le tribunal qui l'a inculpé pour atteinte à l'intégrité du territoire national incitation à des actes de violence de nature en lui reprochant également de porter atteinte à l'unité nationale. Un juge d'instruction (muté depuis aux fins fonds du Sud d'Algérie) décide de le remettre en liberté provisoire, le 25 septembre. Mais coup de théâtre, il sera de nouveau arrêté le lendemain dans les mêmes circonstances, à son domicile et par des agents en civil, et pour les mêmes motifs, puis incarcéré pour de bon ce coup-ci. On reproche surtout à cet ex Premier secrétaire du FFS et fondateur en 2012 de l'Union démocratique et sociale (UDS- non agréé), un manque de « conformité » n'adhérant pas avec le système boumedienniste désuet et archaïque ainsi que son engagement plein et sans concessions au sein du mouvement populaire du Hirak. Ce qui lui vaut par la force des choses et du système algérien de passer par la case prison. Toute la durée de son internement en prison pendant ces six mois, le Hirak lui a exprimé une solidarité sans faille avec le coordinateur de l'UDS et tous les détenus d'opinion.