Avec le titre Warru, le pionnier des groupes Rock d'expression anglaise dans la région de l'Asammer (Sud-est), Meteor Airlines, rend hommage à la bravoure des Aït Atta, durant l'épique bataille de Boughafer. En 1933, cette montagne restait l'un des derniers bastions non encore franchis par l'armée coloniale française au Maroc. Et le massif du Saghro a résisté durant 42 jours au siège des troupes coloniales entre février et mars 1933. La bataille de Bougafer demeure l'un des événements historiques mémorables de la résistance marocaine face aux colonisateurs. En envahissant le sud-est marocain, il y'a 87 ans, l'armée française s'était retrouvée face aux combattants hardis de la confédération des Aït Atta (Sud-est du royaume) qui refusaient toute sorte de soumission. Aujourd'hui, c'est la jeunesse de la région qui s'exprime en musique pour garder la mémoire intacte. Les descendants des Aït Atta au Maroc comme à l'étranger, commémorent annuellement, et sous différentes formes, l'une des ultimes batailles de ce qui a été communément appelé la « Guerre de pacification » du Maroc. Et c'est dans ce registre que le groupe Meteor Airlines a choisi de remonter les fils de l'histoire en dépoussiérant de vieux chants populaires qui reflètent tous les sacrifices consentis par les Attaouis afin de défendre leur espace vitale, perché entre monts arides et oasis foisonnants. « Le titre Warru (divinité Amazigh du bonheur, NDLR) est une célébration des valeurs inscrites dans les gènes des Amazighs, Hommes libres. En Février 1933, l'envie de jouir de cette liberté était exprimée avec des armes. En Février 2020, nous l'exprimons avec indulgence à travers notre musique », nous explique Rachid Ennassiri, manager du groupe, ajoutant que « Warru est également un voyage dans le temps et dans l'espace ». Retranchés dans les montagnes de Boughafer, les tribus des Ait Atta ont en effet résisté pendant plus 42 jours face à plus de 83.000 hommes et 44 avions militaires 5. Avec leur chef Assou Baslam, ils n'ont accepté de négocier une trêve qu'après des bombardements aériens de l'aviation stationnée à Ouarzazate, et un sévère blocus qui a coûté la vie à la moitié des hommes de la confédération des Aït Atta, l'une des plus puissantes du sud-est marocain. Ce sont eux qui ont réussi à abattre l'un des plus célèbres capitaines de la conquête coloniale française au Maroc, Henry de Bournazel. Surnommé l'« Homme Rouge » ou le « Cavalier Rouge » en raison de la couleur de sa tunique. Cet officier s'était signalé par des faits d'arme lors de plusieurs batailles au Maroc, avant que les Aït Atta ne l'abattent lors des affrontements dans le Saghrou. S'agissant de l'emprunte musicale des Meteor Airline, l'artiste indique que « le groupe essaye à la fois, et avec finesse, de capturer le drame des conséquences et la beauté des motivations. L'inutilité de la violence et l'importance de s'attacher à sa terre natale. L'absurdité du passé et l'espoir du futur. En effet, c'est cette ambivalence d'émotions qui définit la qualité intrinsèque du morceau et étend sa perception au multidimensionnel ». Les chants de la mémoire collective chantés en 1933, remastérisés en 2020 et les images archivées des faits de guerre, marcottées sur une musique originale, donnent un aspect audacieux aux Meteor Airlines, qui vise à préserver l'héritage artistique et historique Amazigh via cette chanson. « Warru c'est aussi pour dire qu'après l'angoisse, la terreur et la tragédie, vient le moment du bonheur et de la consécration », commente Rachid Ennassiri. Notons que Meteor Airlines, originaire de Kelaat-M'gouna, a été formé en 2016. Deux ans après sa fondation, le groupe a commencé à se produire. Avec un album et 4 singles à son actif, le groupe a été sélectionné par le programme « Hiba Rec » pour enregistrer un cinquième single. Et en septembre de la même année (2016), Meteor Airlines a fait son apparition au festival l'Boulevard de Casablanca.