L'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a annoncé, vendredi 13 décembre, les résultats de l'élections présidentielle de la veille. Il s'agit de Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, qui s'est hissé en tête des suffrages avec 58,15% des voix en sa faveur. Ce candidat avait déjà revendiqué sa victoire hier tard le soir seulement quelques heures après la fermeture des bureaux de vote. Lors d'une conférence de presse, Mohamed Charfi, le président de l'Instance de suivi des élections a affirmé que les élections « se sont déroulées dans une ambiance de fête sans équivalent depuis l'indépendance », une annonce qui semble confirmer le discours déconnecté de la réalité du pouvoir algérien depuis le début de la crise. Cette annonce est d'autant plus choquante après le rejet massif des Algériens de cette présidentielle hier. Des bureaux de votes vides, fermés, saccagés, des électeurs au compte goutte, mais surtout des manifestations d'une ampleur surréaliste réitérant que « Goulna makach l'vote », (On vous a dit qu'il n'y a pas de vote). L'annonce des résultats du scrutin coïncide avec la 43ème semaine du Hirak qui promet une réponse cinglante au pouvoir et un rejet massif de ce nouveau président, ancien Premier ministre sous Abdelaziz Bouteflika, qui a le soutien de l'ancien parti au pouvoir le FLN et du général Ahmed Gaid Salah. Il s'est illustré par son silence assourdissant sur le Hirak qui paralyse le pays depuis le 22 février mais aussi par ses déclarations amusantes sur le Maroc. Abdelmajid Tebboune, comme les quatre autres candidats à la présidentielle ont tous eu une campagne électorale difficile, des meetings sous haute protection qui ont été marqués par le vide des sympathisants mais surtout par les chahuts. Les panneaux électoraux étaient vides, les affiches des candidats ont été arrachées aussitôt qu'elles ont été collées. Pour rappel, Abdelmajid Tebboune a été limogé dans des conditions rocambolesques après seulement 80 jours en tant que Premier ministre. Il a fait les frais de son entêtement à avoir des points de vue qui convergeaient pas avec le président déchu. Aussitôt limogé, c'était Ahmed Ouyahia, issu du loyal parti Rassemblement national démocratique (RND), qui avait été nommé à sa place. « Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et a nommé Ahmed Ouyahia », qui était chef de cabinet du chef de l'Etat à l'époque , a précisé la présidence dans un communiqué en 2017. Cette décision avait été prises « après consultation de la majorité parlementaire, le Président de la République a nommé M. Ahmed Ouyahia, Premier ministre » avait ajouté le communiqué. Une douche froide pour Tebboune. Pourtant, c'était un fidèle parmi les plus fidèles du pouvoir Algérien. Economiste de formation, il avait été haut fonctionnaire, plusieurs fois Wali, ministre et chef du gouvernement sous Abdelaziz Bouteflika pendant ses 4 premiers mandats. D'ailleurs, ce n'est pas une coïncidence de le voir prendre ses quartiers au Palais Mouradia, il a été le candidat chouchou d'Ahmed Gaid Salah, le chef de l'Armée et devenu nouvel homme fort d'Algérie après la démission d'Abdelaziz Boutelfika. Les deux hommes sont proches. Devant Ali Benflis qui a retourné sa veste mais qui figurait comme autre favori de ce scrutin, le choix était vite fait. Ali Benflis avait accusé son adversaire d'être le «candidat du cinquième mandat», à l'origine du soulèvement populaire qui a conduit à la démission fracassante d'Abdelaziz Bouteflika. Pour rappel, Mohamed Laagab, le directeur de campagne d'Abdelmadjid Tebboune a annoncé hier tard le soir que l'ancien Premier ministre a remporté la présidentielle au premier tour avec 64% des suffrages exprimés, éliminant la possibilité d'un deuxième tour, une option impossible à imaginer pour le pouvoir Algérien après le taux de participation historiquement bas de la veille. L'ANIE a dévoilé le taux de participation général : 39,83% (an Algérie et à l'étranger) le plus bas jamais enregistré lors d'une élection présidentielle pluraliste en Algérie. « Il n'y aura pas de second tour. Les rapports des directeurs de campagne de wilayas, après la fin de l'opération de dépouillement des bulletins de notre candidat au niveau national, montrent la victoire d'Abdelmadjid Tebboune avec 64% des voix », a-t-il précisé.