Les cryptomonnaies sont un sujet qui fâche pour Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), mais aussi pour le secteur financier en général au sein du royaume. En effet, les acteurs économiques du secteur financier ne voient que le « mal » dans les monnaies virtuelles. Les cryptomonnaies s'imposent peut-être en tant que « réelle » richesse à l'étranger, notamment aux USA, à l'image du Bitcoin, plus célèbre des monnaies virtuelles, mais le cas est autre au Maroc. La position du royaume est toujours la même, et ce, depuis l'année 2017, où BAM, l'Office des Changes et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) avaient indiqué clairement que les cryptomonnaies n'ont pas leur place au sein du royaume. Pourquoi ? Pour la simple raison que ces monnaies d'un autre genre échappent à tout contrôle de la part d'une entité donnée, mais aussi du fait qu'elles sont assez volatiles. En effet, ce dernier point revient assez souvent dans les discussions, car il est impossible de prévenir ou de se prémunir contre les chutes drastiques de la valeur de ces monnaies sur le marché. Par ailleurs, celles-ci ont mauvaise réputation, car elles sont souvent associées à la réalisation de transactions illicites sur la partie obscure du Net, à savoir le Darkweb, notamment pour ce qui est du financement du terrorisme, l'achat de drogues, etc. Si Jouahri avait déclaré, en juin dernier, que les choses allaient peut-être changer en faveur des cryptomonnaies, en indiquant que « devant ces évolutions, et puisque nous avons décidé d'adapter notre feuille de route digitale, il faut bien inscrire la cryptomonnaie. La meilleure approche a été d'entrer en contact avec des banques centrales pour que l'on parte chez eux afin de discuter des démarches à prendre dans ce sens. Ce n'est pas demain que nous allons lancer notre monnaie virtuelle évidemment. Nous ne disposons pas du même niveau de cash-flow que la Suède. Le mieux c'est que nous nous préparons sur le plan de l'analyse, afin de voir les pour et les contres au moment venu », le Wali de BAM semble revenir vers sa position initiale sur le sujet. En effet, celui-ci a saisi l'occasion de l'Africa BlockChain Summit, qui se tient jusqu'au 23 novembre, pour indiquer que « les cryptoactifs se distinguent de la monnaie y compris de la monnaie électronique par le fait qu'ils n'ont pas de statut juridique ou de cadre juridique propre et ne font pas l'objet d'une régulation. Ce sont des actifs hautement spéculatifs, qui exposent de ce fait leurs détenteurs à un risque de pertes substantielles, notamment parce qu'ils ne correspondent pas à une créance sous-jacente vis-à-vis de l'émetteur. De plus, la grande volatilité des cryptoactifs et leur acceptation limitée découragent leur utilisation comme réserve de valeur ou comme moyen de paiement, et rendent difficile leur emploi comme unité de compte ». Jouahri a ainsi expliqué que l'adoption des cryptomonnaies, ou même la mise en place d'un système qui pourrait réguler leur activité, est chose bien compliquée à l'heure actuelle, du fait que même certaines économies, qui sont bien plus développées que la nôtre, n'arrivent toujours pas à cerner les risques liés aux monnaies virtuelles. Il est donc peu probable que l'on voit un jour les Bitcoins et autres monnaies virtuelles circuler ou avoir leur place dans l'économie nationale.