Le projet de loi de finances 2020 fait encore couler beaucoup d'encre et suscite la colère de professionnels de plusieurs secteurs. C'est le cas de l'Association Marocaine des exportateurs (ASMEX) qui a dénoncé via un communiqué, plusieurs mesures contenues dans le PLF 2020 et qui ne répondent pas aux attentes des professionnels de l'export. En effet, l'ASMEX souligne dans sa note que la promotion de l'export nécessite un accompagnement approprié et constant des exportateurs pour leur permettre de se développer et de faire face à la concurrence exacerbée sur les marchés internationaux et notamment les pays avec lesquels le Maroc a signé des accords de libre-échange. Or, poursuit l'ASMEX, le PLF 2020 « n'a pas intégré les éléments précités, et présente même des risques majeurs de fragilisation des exportations et des parts de marchés acquises, et freine la dynamique de leur développement». Parmi les dispositions contenues dans le PLF 2020, et qui sont de « nature à détruire la compétitivité de l'offre exportable de notre pays et par conséquent, handicapera fortement la compétitivité de l'économie nationale », l'ASMEX relève « la suppression de l'exonération quinquennale sur les nouvelles créations d'entreprises exportatrices, relèvement du taux de l'IS de 17,5 % à 20%, relèvement à 15% du taux de l'IS pour les entreprises ayant le statut CFC ainsi que le relèvement à 15% du taux de l'IS pour les entreprises installées dans les Zones Franches d'Exportations ». Selon une source proche du dossier, l'impression qui est valable aujourd'hui quant aux dispositions contenues dans le PLF 2020 « c'est que c'est aberrant ». Comment ? « La dynamique de croissance économique ne se fait qu'à travers la stabilité des politiques publiques. Si on veut que les investisseurs nous fassent confiance et viennent investir chez nous au Maroc, et que les exportateurs marocains se développent et prospectent et aillent chercher des marchés à l'étranger pour ramener la devise, il leur faut une certaine stabilité. Imposer un taux de 10 ou de 20 ou 30 % d'IS n'est pas le problème. Il l faut juste que ce taux reste fixe et inchangé pendant au moins 10 ans. Ce taux ne doit pas changer à l'occasion de chaque PLF. Comme ça l'exportateur pourra faire ses calculs en fonction du taux et de cette durée de 10 ans. Même s'il investit dans la promotion, il est au moins sûr que le taux ne changera pas dans un an ou 2», nous explique notre source. Mais pas que ! Notre interlocuteur poursuit que les exportateurs marocains investissent «un budget énorme » dans la promotion de leurs services et produits à l'étranger, notamment dans les salons internationaux, s'ajoutent à ça les certificats d'importation pour chaque pays auquel ils exportent qui coûtent également une fortune. Et encore, il y a toujours le risque avec l'UE ou les marchés des USA et de l'Amérique du Nord que la marchandise soit bloquée relève notre interlocuteur. « La marchandise peut atterrir chez eux, elle est certifiée, elle a fait 10 jours de bateau et on la bloque pour une quarantaine sanitaire et du coup elle reste bloquée au port, elle pourrit et l'exportateur se retrouve obligé de payer pour un rapatriement ou autres frais. Donc il y a beaucoup de contraintes », indique-t-il. Lors des assises de la fiscalité organisées en mai dernier à Skhirat, l'ASMEX a apporté 23 mesures fiscales pour le développement des exportations au Royaume. Toutefois, elles n'ont pas été prises en compte, se désole notre source. « M. Mohamed Benchâboune a fait une action louable quiesont les Assises de la fiscalité. Il a rassemblé les professionnels de plusieurs secteurs, notamment ceux de l'export, et il leur a demandé d'apporter leurs propositions. L'ASMEX a été parmi les rares organismes représentatifs et professionnels à donner une liste de 23 mesures détaillées, à savoir voici ce que vous allez gagner comme élargissement de l'assiette fiscale etc. Non pas pour baisser les recettes de l'Etat, mais baisser le taux pour agrandir l'assiette fiscale et augmenter les recettes fiscales. Les mesures ont été remises au ministère de l'Industrie comme étant le ministre de tutelle pour le secteur de l'export et le ministère des Finances à l'occasion des assises de la fiscalité. On leur a donc donné au moins 3 voire 4 mois avant qu'ils ne commencent l'élaboration de la loi de finances ». Interrogé par Hespress Fr, si ces mesures apportées par l'ASMEX durant les assises de la fiscalité ont été prises en compte dans le PLF 2020, en partie ou carrément pas. Notre source affirme que « ce qui s'est passé malheureusement, c'est qu'on est revenu en arrière ». « Normalement les mesures qui étaient considérées comme étant des acquis d'années et d'années de négociation et de dur labeur, que ce soit au niveau de l'ASMEX ou à travers les autres organisations patronales ou les réunions qui ont été faites avec les commissions parlementaires concernées, on était négligés » indique-t-il. A cet effet, l'ASMEX a affirmé dans son communiqué qu'elle « se mobilise pour formuler à ses partenaires du Gouvernement et du Parlement les propositions pour lever ces risques ».