L'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) avait fait part de son insatisfaction quant au contenu du PLF 2020, que les professionnels du secteur accusent d'être injuste et ne tenant pas compte de leurs propositions exposées lors des assises de la fiscalité. En vue de dissiper leurs craintes, le ministre de l'économie et des Finances, Mohamed Benchaâboune, et le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, sont allés à leur rencontre. En effet, lors d'une rencontre vendredi à Casablanca sous le thème « Fiscalité déterminante pour le développement des exportations », les deux responsables ont tenté de calmer les ardeurs des exportateurs qui estiment que les dispositions contenues dans le PLF 2020, sont de nature « à détruire la compétitivité de l'offre exportable du pays et par conséquent, handicaperont fortement la compétitivité de l'économie nationale », notamment « la suppression de l'exonération quinquennale sur les nouvelles créations d'entreprises exportatrices, relèvement du taux de l'IS de 17,5 % à 20%, relèvement à 15% du taux de l'IS pour les entreprises ayant le statut CFC ainsi que le relèvement à 15% du taux de l'IS pour les entreprises installées dans les Zones Franches d'Exportations ». Ainsi, les exportateurs ont fait part à Mohammed Benchaâboun et leur ministre de tutelle de leurs propositions mais aussi de leurs craintes que les dispositions annoncées dans le PLF 2020 mettent à mal la compétitivité et bloquent leur projet d'investissement, tout en interpellant les deux ministres sur l'urgence d'ériger le secteur de l'exportation. A cet égard, le ministre de l'économie et de la Finance, Mohamed Benchaâboune a déclaré à Hespress Fr que l'objectif de cette rencontre était justement « d'approfondir le débat sur notamment, toutes les mesures du PLF mais aussi l'occasion d'élargir les discussions sur tout ce qui concerne les réformes entreprises par les pouvoirs publics sur instructions royales et son impulsion pour faire en sorte que le climat des affaires s'améliore, et que l'acte d'investir soit plus dynamique à l'avenir ». En effet, l'échange a été « franc » entre la tutelle et le ministre des finances, souligne Benchaâboune. « Sur quelques points en particulier, il y avait une lecture qui méritait d'être précisés, et je crois que nous sommes sortis avec la conviction que les mesures insérées dans le PLF, sont des mesures, dont la finalité est de promouvoir l'investissement, et de mettre le Maroc au diapason des grandes orientations internationales pour lui permettre d'être plus compétitives à l'avenir », nous a expliqué le ministre. Et de préciser : « comme on est avec les exportateurs, on s'adresse à un marché, et ils ne peuvent pas ignorer les contraintes de ces marchés pour pouvoir continuer à développer leur présence. Donc c'était une séance extrêmement riche. On s'est donné RDV pour continuer à se voir régulièrement, pour que, justement, ce dialogue constructif, permette évidemment de construire une plateforme pour les exportateurs qui leur permette d'être davantage compétitifs à l'avenir ». Dans ce sens, le président de l'ASMEX, Hassan Sentissi El Idrissi, a saisi l'occasion pour lancer un appel aux deux ministres afin d'inscrire annuellement ce type de rencontres en amont de l'élaboration des Projets de Loi des Finances. « En effet, la mise en place de cette gouvernance Public-Privé permettrait de créer une concertation dans la pérennité avec les exportateurs », a déclaré à la presse le président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). A l'issue de cette rencontre-débat, le président de l'ASMEX, a décidé de transformer le Comité de crise, qui avait été créé il y a quelques semaines pour le PLF2020, en « comité d'action pour l'Export ». Le comité aura pour mission de mener la réflexion en concertation avec les deux ministères sur le meilleur moyen de replacer le secteur au cœur de l'économie, d'augmenter la valeur ajoutée et de réduire le déficit de la balance commerciale du pays. Une initiative à laquelle les deux ministres ont répondu favorablement. Moulay Hafid Elalamy, n'a pas manqué pour sa part de se féliciter des avancées réalisées par l'économie marocaine qui selon lui, « évolue sur un trend haussier ». « L'Etat est disposé à faire des efforts colossaux de façon à ce que l'économie nationale fasse un saut qualitatif », a-t-il dit. Il a pareillement saisi l'occasion pour rappeler aux participants que, malgré la conjoncture économique mondiale compliquée, « l'industrie marocaine a créé, lors du premier semestre 2019, plus de 66.000 emplois », affirmant qu'il était prêt à revoir avec les professionnels du secteur de l'exportation tous les points de discorde qui leur posent problème pour améliorer leurs conditions mais aussi pour les inciter à investir. Mohamed Benchaâboune a, de son côté, rappelé aux exportateurs présents à la rencontre, que les dispositions contenues dans le PLF2020, « offrent la possibilité aux entreprises de rectifier toutes les déclarations de l'IR, l'IS et de la TVA sur les années passées » et que « la mise en place de mesures de contributions libératoires et de déclarations rectificatives permettent aux sociétés de se réconcilier avec le passé et de partir sur des nouvelles bases en matière de conformité ».