Après deux jours d'émeutes et de saccages (41 stations de métro fermées) à Santiago, d'incendies de bâtiments publics (sièges de la seconde banque du pays, ainsi que la compagnie d'électricité ENEL, bus, etc.), d'affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre, et malgré un couvre-feu, le président chilien Sebastian Pinera a abdiqué à la vindicte populaire et a renoncé à la hausse des tarifs du métro, source d'une discorde dont le Chili se serait volontiers passé. Pinera avait pourtant et pour la première fois depuis la chute de la dictature de Pinochet en 1990 décrété l'état d'urgence dans la capitale chilienne laissant libre cours aux militaires de faire leur loi. « J'ai décrété l'état d'urgence et, à cette fin, j'ai nommé le général de division Javier Iturriaga del Campo à la tête de la défense nationale, conformément aux dispositions de notre législation concernant l'état d'urgence nous annonçons que les auteurs de ces actes graves de délinquance devront assumer leur responsabilité face à la Justice », avait-il déclaré Sebastian Pinera dans un message au palais gouvernemental samedi. Ce sont semble-t-il trois décès qui ont ramené à la raison le président chilien qui a, alors, fait marche arrière. En effet, trois personnes sont mortes dans l'incendie d'un magasin pillé. Le bilan officiel des violences et affrontements est de 308 arrestations, et 156 policiers blessés. L'origine de ces manifestations particulièrement violentes dans la capitale chilienne, il faut la voir dans la hausse des prix des tickets de métro à Santiago. Les Chiliens protestent contre ce titre de transport qui sans la suspension leur aurait coûté (830 pesos) en heures de pointe au lieu de 800 pesos par voyage actuellement, soit un euro et des poussières de plus. Pour le salaire moyen au Chili (moins de 700 euros) c'est conséquent. « Je tiens à annoncer aujourd'hui que nous allons suspendre l'augmentation des tarifs du métro », a déclaré le président depuis le palais présidentiel de La Moneda pour apaiser les esprits, peu avant que le général nommé pour assurer la sécurité de la capitale n'annonce un couvre-feu total à Santiago en réponse aux « excès qui se sont produits samedi ». Cela n'a pas empêché que des milliers de personnes soient cependant redescendues dans les rues de la capitale et d'autres villes pour y faire résonner des casseroles (mode de contestation apparu après le coup d'Etat mené par le général Augusto Pinochet fin 1973). Des manifestations ont aussi eu lieu dans des grandes villes au bord du Pacifique comme Valparaiso avec pour revendications d'autres sujets, comme un modèle économique où l'accès à la santé et à l'éducation. Le métro de Santiago est le plus étendu (140 km) et le plus moderne d'Amérique du Sud, environ trois millions de passagers par jour y transitent. Actuellement fermé et obligeant les usagers à des parcours à pied il ne pourrait rouvrir que la semaine prochaine et progressivement. Du moins si la situation actuelle se calme.