Dans son émission OpenBox TV, Alain Juillet, ancien directeur du renseignement au sein de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) aborde dans son dernier épisode les relations quelque peu tendues entre la France et le Maroc. Les relations maroco-françaises traversent une crise coite depuis plusieurs mois. Une impasse décortiquée par Alain Juillet et son invité Kader Abderrahim, maître de conférence à science-po et spécialiste du Maghreb. « Le Maroc vit une mutation et un développement tous azimuts, à un moment ou par contre la France est en train de perdre complètement pied au Maroc, parce que visiblement la politique française s'intéresse beaucoup plus à l'Algérie qu'au Maroc », commence par affirmer Alain Juillet. Parallèlement à cet éloignement avec Paris, le Maroc s'est rapproché d'autres alliés, rappellent les deux invités qui évoquent la signature des accords d'Abraham, le rapprochement avec Madrid ou encore avec Washington. Cet effort diplomatique est aussi déployé en Afrique, poursuit Alain Juillet, estimant que « le Maroc est en train de remplacer les Français en Afrique francophone dans beaucoup de domaines, en particulier pour les gros investissements et pour les banques ». Lire aussi: La France en Afrique, ou l'histoire du pompier pyromane « Il y a une visibilité depuis une quinzaine d'années du Maroc en tant qu'économie et puis en tant que nouvelle puissance africaine après son retour au sein de l'Union africaine, devient un pays qui compte », souligne pour sa part Kader Abderrahim. « La fragmentation des relations internationales a conduit le Maroc à se dire il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier (…) et donc la diversification des partenariats diplomatiques du Maroc pour préserver ses intérêts », explique Kader Abderrahim. « Dans le cas du Maroc, il est inimaginable que la relation avec la France, soit rompue brutalement du jour au lendemain. C'est n'est pas possible, ce n'est pas audible, ce n'est pas faisable tout simplement », poursuit-il. « Il y a 38 entreprises du CAC40 français qui ont investi et qui sont présents au Maroc. Il y a 70.000 Français qui vivent au Maroc en permanence. Donc il y a un lien quasi charnel comme avec le Maghreb généralement. Mais dans le cas du Maroc il est aussi diplomatique, politique commercial et économique », souligne le chercheur. La question pour les deux intervenants est de définir un avenir commun et d'en définir les contours. « Il me semble qu'on doit intégrer dans un projet global de nouvelles relations avec le Maghreb », conclut Kader Abderrahim.