Dr. Yasmine Hasnaoui est analyste en relations internationales. Cette spécialiste du conflit du Sahara enseigne actuellement à l'Université américaine de Koweït. Pour H24info, elle commente les enjeux de la réunion, prévue ce mercredi 20 avril au conseil de sécurité de l'ONU, autour de la question du Sahara. H24info: Le Conseil de sécurité va à nouveau débattre du conflit du Sahara ce 20 avril. D'après vous, qu'est-ce qui va changer lors de cette réunion? Faut-il s'attendre à des surprises? Yasmine Hasnaoui: Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra, demain mercredi 20 avril, une réunion consacrée spécialement au Sahara Marocain. Cette réunion intervient dans un contexte diplomatique international très favorable au Maroc. Staffan de Mistura, envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara, présentera les grandes conclusions qu'il a tirées de sa première tournée dans la région, y compris dans les provinces sahariennes du Maroc. Il est attendu lors de cette réunion à ce qu'elle demande d'abord au Conseil de sécurité d'exiger de toutes les parties de revenir au processus politique avec, comme base de discussion, le plan d'autonomie proposé par le Maroc et qui a été salué dans plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. Je redis encore que cette réunion se tient dans un contexte diplomatique favorable au Maroc avec la décision historique de l'Espagne, ancienne puissance coloniale, qui reconnaît désormais la proposition du Maroc et appuie tous ses efforts pour déboucher sur une solution à ce conflit artificiel. Lire aussi. Sahara: l'Espagne réitère son soutien à l'initiative marocaine d'autonomie (Déclaration conjointe) Il y aussi la position de la Russie qui s'alignera sur les résolutions du Conseil de sécurité dans le cadre d'une solution politique et cela a bien été exprimé, il y a quelques jours à peine, par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Vershinin, lors d'une rencontre avec l'ambassadeur du Maroc à Moscou. Alors, tout porte à dire que le vent souffle du côté du Maroc et surtout du côté des grandes puissances: les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et la Russie et cela renforce la position du Royaume et laisse l'Algérie dans une position très faible. L'Algérie avait déclaré son refus de prendre part aux tables rondes. Ces dernières pourraient-elles se tenir sans les représentants du pays voisin? Si l'Algérie continuait à refuser de participer aux tables rondes, ce qui est fort probable, elle montrerait encore une fois ses contradictions, à savoir que ce n'est pas un pays observateur, mais un pays qui entrave toute solution au conflit. Je dirai, pour ma part, "pas d'Algérie, pas de Maroc" pour d'éventuelles tables rondes, parce que c'est l'Algérie qui est responsable de ce conflit artificiel. Si elle n'y va pas à ces tables rondes, elle doit se retirer complètement de ce dossier, ouvrir les camps de Tindouf et laisser le Maroc mener des négociations avec les sahraouis de ces camps. Lire aussi. Conseil de sécurité: les Tables rondes, seule voie pour parvenir à une solution politique définitive au Sahara Je rappelle toutefois qu'à l'ONU, c'est le Conseil de sécurité qui décide et non pas l'Algérie. Dans ce sens, la Résolution 2602 du CS est bien claire quand elle stipule que les parties au conflit doivent revenir au processus politique et aux tables rondes. Notons en passant que l'Algérie est en train de s'affaiblir actuellement non seulement en Afrique, mais aussi en Europe. La preuve en est la nouvelle et historique position de l'Espagne sur le conflit. Après l'Allemagne et l'Espagne, n'est-il pas grand temps pour d'autres pays européens de trancher leur position de manière claire sur le dossier du Sahara? L'Espagne a rejoint le camp de plusieurs puissances comme les Etats-Unis, la France et l'Allemagne en plus de plusieurs pays d'Afrique et des Etats arabes. Je pense que cette position ouvrira la voie à d'autres pays européens à leur tête des pays de l'Union européenne pour soutenir le Maroc de manière officielle. Au niveau de l'UE, beaucoup de pays commencent à s'apercevoir de la superficialité du conflit autour du Sahara et commencent à voir ce dont ils peuvent bénéficier d'un partenariat avec le Maroc. Lire aussi. Analyse. Sahara: le Maroc déterminé à imposer son plan d'autonomie Pour d'autres pays européens, on va sûrement voir qu'ils vont passer à la vitesse supérieure pour s'impliquer dans ce dossier et prendre parti pour le Maroc parce qu'ils ont vu des résultats tangibles et crédibles lors des dernières années. Le monde a eu le temps d'apprécier les efforts de développement économique et social consentis par le Maroc au Sahara et qui bénéficient en premier lieu aux populations sahraouies. Plusieurs autres pays voient aussi qu'il est dans leur intérêt de collaborer avec le Maroc au lieu de s'aligner avec une Algérie enlisée dans ses graves problèmes internes. Ce sera une approche win-win qui va bénéficier à tout le monde, aux Européens comme aux Africains.