Le chef des milices du «Polisario», Brahim Ghali, est rentré en Algérie mardi soir après avoir passé quarante-quatre jours en Espagne. Brahim Ghali était arrivé le 18 avril en Espagne dans le plus grand secret, à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne. Il avait ensuite été admis dans un état critique à l'hôpital de Logroño sous un faux nom. Le Maroc avait exprimé sa déception à l'égard de cet acte contraire à l'esprit de partenariat et de bon voisinage et qui concerne une question fondamentale pour le Royaume. Contactée par Barlamane.com/fr, Yasmine Hasnaoui, experte en relations internationales et secrétaire générale de l'Institut Alter Forum International des études sahariennes Al Andalous, souligne que «l'arrivée du chef des milices du «Polisario» en Algérie a été décidée bien à l'avance, même avant son audition judiciaire». «Je ne pense pas que l'Algérie aille envoyer un avion le jour même du retour de Brahim Ghali et ce, même si le Gulfstream G-IV algérien qui devait le récupérer a été obligé de rebrousser chemin», a-t-elle expliqué. Elle ajoute que les agissements et les actes commis par le gouvernement de Pedro Sánchez en connivence avec l'Algérie représentent une violation du principe du bon voisinage. «L'Espagne n'a pas rectifié le tir en indiquant avoir prévenu les autorités marocaines du retour de Brahim Ghali», fait-elle observer. «Le Maroc doit revoir ses cartes concernant sa relation avec l'Espagne à tous les niveaux, notamment avec le gouvernement de Pedro Sánchez qui a dévoilé en plein jour son hostilité envers le Maroc. Une hostilité qui est née d'une jalousie (…) Le Maroc a connu de profondes transformations. Ses relations internationales se sont diversifiées. Il a assuré sa présence au sein du système international et s'est allié avec de grandes puissances mondiales, telles que les Etats-Unis qui ont reconnu sa souveraineté sur ses provinces du Sud», relève l'experte en relations internationales. L'Espagne a montré, à la suite de ses dernières provocations à l'encontre du Royaume, une attitude hostile envers le Maroc. «Je doute que cette attitude fielleuse va changer et ce, même si des partis politiques espagnols essayent d'apaiser ces tensions. Le gouvernement de Pedro Sánchez est composé de formations politiques connues pour leur animosité à l'égard du Maroc, notamment Podemos qui n'arrête pas de remettre en cause les avancements du Royaume. Si l'Espagne continue ses agitations, cela pourrait mener à une rupture des relations diplomatiques des deux pays», indique Yasmine Hasnaoui. «Je pense que le Maroc est en position de force. Il faut arrêter de croire que notre pays a besoin de l'Europe. Ce sont les pays européens qui ont besoin de nous. Le Maroc est la porte d'entrée du continent africain. Il fournit beaucoup d'efforts en matière de sécurité et de migration avec une modeste somme qui est de 300 millions d'euros par an. Il a également mis son expérience au service de la stabilité de la région en adoptant une approche basée sur le bon voisinage et les intérêts partagés», ajoute la secrétaire générale de l'Institut Alter Forum International des études sahariennes Al Andalous. Yasmine Hasnaoui précise aussi que les grandes puissances mondiales veulent collaborer avec le Maroc étant donné que «les relations internationales ne sont pas fondées sur une win-win approach». «Ces pays ont compris que ce conflit est artificiel. Toutefois, l'autre partie ne veut pas sortir de son legs colonial», détaille-t-elle tout en rappelant que des députés de Podemos ont appelé Joe Biden à révoquer la décision signée par Donald Trump le 10 décembre 2020 par laquelle les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Ils ont également lancé un appel à l'organisation d'un référendum alors que le Conseil de sécurité onusien ne fait aucune mention du référendum dans toutes ses résolutions adoptées au cours des vingt dernières années. «Le gouvernement de Pedro Sánchez a l'intention de continuer à instrumentaliser le séparatisme afin de mettre la pression sur le Maroc au moment où le Royaume n'a jamais utilisé cette carte avec les Catalans (…) Je pense que ce gouvernement espagnol doit changer de vision hostile envers le Maroc, un voisin qui est très important pour ce pays ibérique, tant aux niveaux sécuritaires et migratoires qu'au niveau économique», conclut l'experte en relations internationales.