L'Espagne préparait l'arrivée de Brahim Ghali début le mois d'avril, mais comptait prévenir Rabat bien plus tard, révèle le quotidien El Pais. Des sources diplomatiques dévoilent les dessous de cet arrangement conclu entre Alger et Madrid. L'accueil de Brahim Ghali en Espagne a été négocié par Madrid et Alger au début avril, révèlent des sources diplomatiques au quotidien El Pais, média le plus lu dans le pays. La demande a émané du gouvernement algérien par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum, qui avait d'ailleurs effectué une visite officielle à Madrid le 29 mars. De retour à Alger, le ministre a adressé sa demande afin que «le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, gravement atteint du Covid-19 et en danger de mort, soit hospitalisé en Espagne», écrit le quotidien. La même demande avait été soumise au gouvernement allemand, poursuit la même source, confirmant ainsi une information relayée par le magazine Jeune Afrique. Cependant, Berlin a rejeté cette demande, indique El Pais.
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«La délicate demande a été analysée au plus haut niveau», souligne le quotidien, notant que la demande s'est heurté aux réticences du ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. La demande d'Alger sera toutefois acceptée «pour des raisons strictement humanitaires», affirment les sources diplomatiques du quotidien, reprenant les éléments de langage de la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya . Les mêmes sources indiquent que la demande a été acceptée «compte tenu du caractère stratégique des relations avec l'Algérie, premier fournisseur de gaz sur le marché espagnol». « Madrid voulait prévenir Rabat » Le 18 avril, un avion médicalisé de la présidence algérienne atterrit sur la base aérienne de Saragosse (nord-est de l'Espagne). Brahim Ghali est à bord, il est attendu par une ambulance et une escorte de police qui le conduiront à l'hôpital de San Pedro de Logroño. Brahim Ghali est entré en Espagne avec son passeport diplomatique, mais a été admis sous un faux nom à l'hôpital, «pour des raisons de sécurité», révèlent les mêmes sources. À son arrivée en Espagne, Brahim Ghali a été informé qu'il pouvait être convoqué par un juge, bien qu'à ce moment-là aucun mandat d'arrêt n'ait été émis contre lui. La ministre espagnole des Affaires étrangères avait l'intention d'informer son homologue marocain de cette arrivée, affirment des sources gouvernementales, «mais la nouvelle a éclaté avant qu'elle ne puisse le faire».
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Arancha Gonzalez Laya s'est finalement entretenue avec son homologue, Nasser Bourita, pour lui expliquer les raisons de cet accueil inopportun. Des explications qui n'ont pas convaincu le Maroc qui considère cet «acte grave et contraire à l'esprit de partenariat et de bon voisinage», appelant à ce que le chef séparatiste soit traduit en justice au vu des plaintes des victimes de viol, de torture et de violations de droits . Après s'être assuré de son identité, la justice espagnole a cité à comparaître le 1er juin Brahim Ghali. Une comparution qui pourrait toutefois ne pas avoir lieu, au vu de son état de santé. Des sources au sein du gouvernement affirment que «(leur) tache était de lui sauver la vie et c'est ce qu'(ils) ont fait». Quant à son audition, le gouvernement ne se mêlera pas de ce que décidera la justice, affirmait Arancha Gonzalez Laya.