Adoptés en 2017 et approuvés cette semaine, les deux projets de loi visant à établir la compétence juridique du Maroc sur l'ensemble de son espace maritime, suscitent la polémique chez le voisin ibérique, qui exige un accord bilatéral. La Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger à la Chambre des représentants a approuvé, ce lundi, à l'unanimité les deux projets de loi instituant une zone économique exclusive de 200 miles marins au large des côtes marocaines, annonçait l'agence Maghreb Presse (MAP). Concrètement il s'agit pour le Maroc de «combler le vide législatif qui marque l'arsenal juridique national relatif aux espaces maritimes, et adapter ces lois à la pleine souveraineté du Maroc sur l'ensemble de son territoire et eaux territoriales, de Tanger à Lagouira», expliquait le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. Si le Maroc s'en expliquait, évoquant «un choix stratégique et souverain en premier lieu, fondé sur les droits légitimes du Maroc et reposant sur des bases juridiques pertinentes», les arguments du ministre Nasser Bourita ont tout de même étaient critiqués par plusieurs partis politiques espagnols, puis par le gouvernement de Pedro Sanchez. Fortes critiques du côté espagnol Les premiers à s'être insurgé sont les élus canariens qui dénoncent qu'il n'y ait eu aucune concertation au cours de ce processus. Dans ce sens, le président du gouvernement des îles Canaries, Ángel Víctor Torres a affirmé, lors d'une conférence suivant une réunion avec le ministre des Affaires étrangères du gouvernement central, qu'il y avait «un engagement ferme du gouvernement espagnol et des îles Canaries pour hausser le ton si le Maroc touche un mile des eaux maritimes des îles Canaries», rapporte El Diario.
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Le Canarien Héctor Gómez, choisi par Pedro Sanchez comme secrétaire des Relations internationales de son parti, a exprimé ses «profondes inquiétudes» concernant l'annonce faite par Nasser Bourita. Selon le député socialiste «la délimitation des eaux marocaines adjacentes aux îles Canaries, Ceuta, Melilla et tout autre territoire espagnol doit être faite d'un commun accord entre les deux pays et dans le strict respect du droit international». Avant d'affirmer que «des initiatives unilatérales comme celle-ci ne contribuent qu'à créer une agitation et un bruit inutiles autour d'une question qui doit être traitée, comme jusqu'à présent, par le dialogue que l'Espagne entretient avec le Maroc», ajoute-t-il dans un communiqué du parti. Dans ce sens, le secrétaire des Relations internationales avertit quant aux dispositions que pourrait prendre le pays en cas de non-accord. «Du PSOE, nous défendons, comme il ne peut en être autrement , la coopération entre les pays pour parvenir à des points d'accord mutuel dans le cadre du respect de la Convention des Nations Unies sur la mer, qui dispose de mécanismes qui peuvent être utilisés pour régler ces questions en cas de non-accord» a-t-il souligné. Des avertissements déjà envisagés par l'exécutif marocain qui notait que «action législative souveraine, ne signifie pas la non-ouverture du Maroc sur une solution de tout conflit éventuel avec ses voisins, à savoir l'Espagne et la Mauritanie, à propos de la délimitation précise de son espace maritime, dans le cadre du dialogue constructif et du partenariat positif».