Le président s'est adressé hier soir à la nation dans une courte allocution. Il reviendra vers les Français pour évoquer la fin du grand débat. Les horloges n'ont plus d'aiguilles ni de maître. En quelques minutes à peine, mardi, c'est tout le plan de communication d'Emmanuel Macron qui est parti en fumée. Comme emporté, lui aussi, par les épaisses flammes qui ont ravagé la cathédrale Notre-Dame la veille. Oubliée la fameuse allocution minutieusement préparée depuis plusieurs semaines et enregistrée lundi. Oubliée la grande conférence de presse – la première du quinquennat – organisée mercredi après-midi à l'Elysée. Oublié aussi «l'effet d'annonce», et son «effet waouh», longtemps préparé par le chef de l'Etat et ses proches. À la place, Emmanuel Macron s'est adressé à la nation, mais pour parler de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Une allocution solennelle et tout à fait traditionnelle pour un chef de l'Etat lorsque le pays vient de connaître un drame qui le touche au plus profond. Mardi soir, l'homme politique a ainsi laissé la place au président de la République. Cette fois, le format de l'intervention est totalement différent. Le contexte aussi. Dans le bureau doré de l'Elysée, le président s'exprime en direct. Il est assis. La pression qui pèse sur ses épaules n'est plus seulement celle de la crise des «gilets jaunes» et des remontées du grand débat. Le poids millénaire de la cathédrale de l'île de la Cité est venu s'y ajouter. Emmenant avec lui l'émotion ressentie par des millions de Français qui se sont retrouvés face à leur joyau commun livré aux flammes lundi soir. «Au cours de notre histoire, nous avons bâti des villes, des ports, des églises. Beaucoup ont brûlé, ont été détruites. À chaque fois, nous les avons reconstruites. L'incendie de Notre-Dame nous rappelle que notre histoire ne s'arrête jamais. Nous aurons toujours des épreuves à surmonter. Ce que nous croyons indestructible peut aussi être atteint», a déclaré Emmanuel Macron en promettant à nouveau de reconstruire la cathédrale. «Nous sommes ce peuple de bâtisseurs. Nous avons tant à reconstruire. [...] Nous rebâtirons Notre-Dame plus belle encore. Je veux que ce soit achevé d'ici cinq années.» Cinq ans. Un quinquennat. Comme une métaphore. Celle d'un pays qu'il a trouvé en ruine et qu'il compte rendre restauré à la fin de son mandat. Sans surprise, il a également évoqué l'allocution solennelle qu'il devait prononcer 24 heures plus tôt. «Je reviendrai vers vous dans les jours prochains pour que nous puissions agir collectivement dans le cadre de notre grand débat. Mais le moment n'est pas encore venu», a-t-il expliqué. Pourtant, le contenu de ses propositions avait largement fuité tout au long de la journée. À mesure que les heures défilaient, les articles se multipliaient dans les médias pour dévoiler le contenu des annonces secrètement préparées par le président. Et ce, alors même que l'intéressé n'avait toujours pas pris la parole. Un silence d'autant plus intenable que le retentissement de la catastrophe de Notre-Dame, tant national qu'international, appelait une parole du chef de l'Etat. «Après le temps de l'épreuve viendra celui de la réflexion puis celui de l'action, mais ne les mélangeons pas. Ne nous laissons pas prendre au piège de la hâte. Je sais l'espèce de fausse impatience selon laquelle il faut réagir à chaque instant. Comme si être à la tête d'un pays n'était qu'administrer des choses.» Il faudra bien y revenir pourtant. Mais dans un climat différent. «Il nous revient de retrouver le fil de notre projet national, un projet humain, passionnément français», a lancé Emmanuel Macron. Comme pour tenter de relier son discours à venir avec le drame de Notre-Dame. * Arthur Berdah François-Xavier Bourmaud