Les Algériens ne décolèrent pas contre un cinquième mandat du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Après la grogne des journalistes de la station de Radio Soummam de Bejaïa (publique) qui se sont insurgés, lundi, contre le blackout imposé par la Direction générale à la couverture des manifestations populaires, des milliers d'étudiants ont organisé, mardi 26 février, des rassemblements et marches dans plusieurs wilayas d'Algérie. A Tizi Ouzou, Béjaïa, Skikda, Annaba, Oran et Alger, pour ne citer que ces wilayas, les étudiants ont scandé plusieurs slogans hostiles à la candidature de Bouteflika et à son entourage : "Non au cinquième mandat", "On ne veut pas de Bouteflika et de son entourage". A l'intérieur de l'Université d'Alger "Benyoucef-Benkhedda, quelque 800 étudiants étaient regroupés dans sa grande cour et voulaient investir la rue, mais cela était rendu impossible par les services de sécurité, qui ont cadenassé les grilles pour les empêcher de sortir. Même l'accès des journalistes au sein du campus était interdit par l'impressionnant dispositif policier déployé sur place. Malgré ce caractère pacifique, des interpellations de quelques personnes ont eu lieu. Dans la capitale, des centaines étudiants se sont regroupés brandissant des banderoles où on pouvait lire : "Non au 5e mandat!", "Bouteflika dégage!", "Algérie libre et démocratique", à l'intérieur de la "fac centrale". "Policiers et étudiants sont des frères", ont aussi crié ces étudiants aux membres des forces de l'ordre, déployés en nombre dans la rue. Ils on ensuite débuté une marche et ont été rejoints par d'autres groupes jusqu'à former un cortège de plusieurs milliers de personnes, en plein centre-ville. Après s'être contentée d'observer, la police a finalement fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, et quelques heurts avec des jets de pierre ont été brièvement signalés. Dans l'université de Bouzaréah, les étudiants sont parvenus à quitter le campus par un accès secondaire non surveillé par les policiers, présent en force sur les lieux. Ces manifestants ont réussi à investir la rue avant qu'ils ne soient dispersés par les policiers. Du côté de l'Université des Sciences et de la Technologie Houari-Boumédiène (USTHB) de Beb Ezzouar, tout bouillonnait dès les premières heures de la matinée. Sur place, des responsables de ladite université ont tenté de tempérer les ardeurs des étudiants et de les dissuader. Cependant, ces appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd, puisque les étudiants ont campé sur leur position et organisé leur mouvement de protestation. Si dans la capitale il s'agissait de rassemblements au sein des campus, dans d'autres wilayas, les étudiants ont brisé le mur de la peur pour investir la rue. Cela a été le cas à Boumerdès, Oran, Tizi Ouzou et Annaba. Depuis l'annonce officielle de la volonté de Bouteflika de briguer un 5e mandat, plusieurs manifestations ont été organisées à travers le pays. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur colère de ce qu'ils qualifient de «mandat de trop» du chef de l'Etat sortant. Les manifestants, brandissant des banderoles et autres pancartes portant des slogans hostiles au pouvoir en place et à la candidature du Président sortant. Les manifestations ont pris une grande ampleur, vendredi 22 fevrier, particulièrement dans la capitale Alger, où c'est la première fois en presque vingt ans qu'une marche «politique» imposante y est organisée dans les rues et que les Algériens sortent simultanément dans plusieurs villes aux quatre coins du pays.