L'approche humaniste de la politique migratoire du Maroc, partenaire essentiel de l'Union européenne (UE) pour la gestion de cette problématique internationale a été mise en exergue par des eurodéputés et spécialistes de la question migratoire, réunis mercredi lors d'un colloque au siège du Parlement européen à Bruxelles. Lors de ce colloque, initié par la Fondation européenne pour la démocratie sous le thème "Migration en Méditerranée : Pourquoi l'UE a besoin de partenaires dans la région?", les intervenants ont souligné que l'UE est appelée à renfoncer davantage sa coopération avec les pays de la rive sud de la Méditerranée avec un accent particulier sur le Maroc en tant que partenaire clé dans la région. "Il faut traiter la question migratoire avec plus de sagesse et en favorisant la coopération", a plaidé M. Ahmed Herzenni, ambassadeur itinérant chargé des questions des droits de l'homme, qui considère que "le Maroc est un partenaire essentiel pour l'UE" à la faveur notamment de sa politique migratoire à dimension humaine. Passant en revue les grandes lignes de cette politique, M. Herzenni a indiqué que le Maroc, devenu de plus en plus "un pays d'accueil des migrants" plutôt que d'origine et de transit, déploie des efforts énormes pour régulariser la situation des migrants - quelque 90% des demandes ayant reçu un avis favorable. S'y ajoute, a-t-il dit, une démarche de mise à jour des lois régissant la migration et l'asile ainsi que les efforts visant à garantir l'intégration des migrants dans la société, en leur permettant d'avoir accès à l'éducation, à la santé et au travail, à l'instar des citoyens marocains. Pour M. Herzenni, dans le contexte actuel, marqué par la montée de l'extrême-droite, du populisme et des discours xénophobes, "l'Europe a besoin de partenaires dans la rive sud de la Méditerranée pour traiter la question de la migration". Tout en reconnaissant les difficultés auxquelles fait face l'Europe pour gérer le défi migratoire, il a affirmé qu'il ne faut pas exagérer néanmoins l'ampleur de l'immigration. "Il ne s'agit pas d'une invasion de l'Europe par des migrants et les chiffres le montrent : Le taux de migration clandestine vers l'Europe ne dépasse pas 0,5% des mouvements migratoires à l'échelle mondiale", a-t-il dit, faisant remarquer que la majorité des mouvements migratoires en Afrique est intra-africaine. Pour lui, le règlement de la problématique migratoire doit impliquer à la fois les pays d'origine, de transit et de destination. Il a insisté dans ce sens sur l'impératif de traiter les causes profondes de la migration en renforçant le développement dans les pays d'origine des migrants, alors que les pays de transit sont appelés à contrôler leurs frontières avec plus d'efficacité et à coordonner leurs efforts. S'agissant des pays européens, ils doivent garantir l'intégration des migrants tout en renforçant leur coopération avec les pays concernés, et à leur tête le Maroc. De son côté, l'eurodéputé Tunne Kelam a appelé l'Union européenne à renforcer davantage sa coopération en la matière avec les pays de l'Afrique du nord, en particulier le Maroc qui a un rôle important à jouer pour faire face à la migration illégale. Il a relevé l'importance d'appuyer les efforts du Royaume, en insistant notamment sur la dimension humaine de son action migratoire. Même son de cloche chez l'eurodéputé Gérard Deprez qui a affirmé que "le Maroc est l'un des pays les plus stables de la région, ce qui en fait un partenaire crucial pour l'UE". "Le partenariat avec le Maroc en matière de lutte contre la migration illégale est très important et mutuellement bénéfique", a-t-il soutenu, mettant en avant le dialogue "fructueux" mis en place depuis des années entre les deux parties. Il a salué à cet égard les efforts du Maroc qui a su mettre en échec plusieurs tentatives de migration clandestine et démanteler des réseaux de trafiquants d'êtres humains. "Dans l'instabilité actuelle dans la région, nous avons la chance d'avoir un partenaire stable, politiquement bien gouverné et qui fait des efforts considérables en matière de développement", s'est-il félicité, tout en appelant à renforcer davantage cette coopération. Le rôle du Maroc en tant que partenaire essentiel de l'UE dans la gestion de la question migratoire a également été souligné par le représentant de la Commission européenne, Simon Mordue. Le directeur général adjoint en charge de la migration et des affaires intérieures a assuré que l'objectif de l'action de l'UE n'est pas de stopper la migration mais plutôt d'en gérer les flux, précisant qu'il s'agit de travailler "avec et non contre" les pays concernés. Et de conclure que "si la migration est bien gérée elle serait porteuse d'opportunités pour tous". Lors de cette rencontre, modérée par Tommaso Virgili de La Fondation européenne pour la démocratie, les intervenants ont exploré les différentes pistes à même de favoriser une gestion efficace de la question migratoire de manière à garantir la protection des vies humaines et le respect des droits de l'homme.