La dernière décision du gouvernement espagnol de renvoyer vers le Maroc, vendredi dernier, 116 migrants africains dès le lendemain de leur entrée en force dans le préside occupé de Sebta, décision durement critiquée par Podemos et les ONG de défense des droits des migrants, remet sur le devant de la scène politique et médiatique la question de gestion du flux migratoire de l'Afrique vers l'Europe et la responsabilité des partenaires des deux rives, Rabat et Bruxelles. En effet, le Maroc s'est retrouvé dans une situation embarrassante, terre de transit et d'accueil, depuis la fermeture de la route des Balkans, qu'empruntaient les migrants pour entrer dans le vieux continent à travers la Turquie et le sud-est de l'Europe. La fermeture de cet axe a automatiquement rendu la voie nord-africaine plus convoitée par les migrants, exposant les autorités compétentes marocaines à plus de vigilance, à de coûteuses prises en charge, à des mises en œuvre d'innombrables moyens logistiques et sécuritaires, pesant lourdement sur le budget de l'Etat. Face à cette situation, les partenaires européens exercent encore des pressions sur le royaume pour jouer un grand rôle dans la gestion de ce flux, sans pour autant honorer leur engagement en la matière. En effet, alors que le Maroc déploie ses propres moyens pour lutter contre l'immigration clandestine de l'Afrique vers les rives européennes, Bruxelles peine à verser à Rabat l'aide nécessaire pour faire face à cette pression migratoire. Dernièrement, la commission européenne a justifié le retard de versement au Maroc de l'aide en question par l'insuffisance des ressources du Fonds fiduciaire de l'Union européenne pour l'Afrique du Nord, alors que cette fameuse subvention n'est que de l'ordre de trente millions d'euros. Ceci au moment où l'Union européenne finance des programmes dans le même domaine en collaboration avec la Turquie avec une enveloppe de 3000 millions d'euros. Une politique de deux poids deux mesures. Et en l'absence d'une véritable collaboration entre les deux partenaires, Rabat et Bruxelles, notamment avec la mise en place de politiques ciblant l'origine du fléau, ce flux migratoire ne cessera de croitre, mettant à rude épreuve les forces de sécurité marocaines qui ne pourraient plus jouer le rôle de gendarme en vue de protéger l'UE. Au niveau du discours, les responsables européens reconnaissent les efforts déployés par le royaume dans ce domaine. En juillet dernier, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et le président français, Emmanuel Macron, ont plaidé pour le renforcement de l'appui et la coopération de l'Union européenne (UE) avec les pays d'origine, de transit et de destination, notamment le Maroc, pour faire face au défi migratoire. L'Espagne et la France considèrent que la problématique migratoire constitue «un défi global qui exige des réponses européennes», basées sur les principes de «solidarité et de respect des droits de l'Homme» et visant à apporter «une réponse efficace à l'arrivée en Europe de réfugiés et de migrants». Cependant, force est de constater que dans les faits, les partenaires européens ferment les yeux sur les sacrifices consentis par le royaume dans la gestion de cette épineuse problématique. Ainsi, au lieu de soutenir la politique migratoire du Maroc, l'Europe investit sur l'autre axe, pourtant fermé. Et pourtant, le Maroc a mis en place une véritable politique migratoire, préservant la dignité des migrants, leur assurant un accueil dans le respect des droits humains, un suivi social et juridique et une vision pour la gestion de la question au niveau du continent africain. A ce propos, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a cité comme exemple l'Observatoire africain des migrations et du développement, proposé par SM le Roi Mohammed VI en sa qualité de leader de l'Union africaine (UA). En effet, le texte du Pacte, endossé, en début de ce mois, à New York par l'assemblée générale de l'ONU, insiste sur la création et le renforcement des observatoires de migration, en se référant à l'Observatoire proposé par SM le Roi Mohammed VI. «Aujourd'hui, une nouvelle vision s'impose : il s'agit de faire de l'immigration un sujet de débat apaisé et d'échange constructif», avait affirmé SM le Roi Mohammed VI dans un message adressé au cinquième sommet Union africaine-Union européenne, tenu novembre 2017 à Abidjan. C'est dans cet esprit que devra s'inscrire la coopération fortement sollicitée en matière de gestion du flux migratoire entre les deux rives.