«Ayant été pays d'émigration, de transit et d'immigration, le Maroc a développé une approche introspective de la question migratoire, qu'il conçoit de manière inclusive et positive. Si nous mesurons les défis que pose l'immigration, nous n'ignorons pas pour autant ses aspects positifs». En Europe, de nombreux partis politiques populistes et d'extrême droite tiennent un discours xénophobe vis-à-vis des migrants et de la migration. Pourtant, ce même discours contient d'innombrables contrevérités et un nombre similaire de stéréotypes et idées reçues. Alors que certaines parties mettent en garde carrément contre des vagues importantes de migrants en provenance du Sud, la réalité est tout autre. Les chiffres sont édifiants puisque la migration africaine est loin d'être intercontinentale. Les études et statistiques sur les grands déplacements et flux migratoires attestent que la migration africaine est essentiellement intra-continentale. Ainsi, parmi chaque cinq candidats africains à l'immigration, 4 vont rester en Afrique. La deuxième idée reçue largement répandue concerne le caractère irrégulier de la migration. Un bon nombre d'études montre, en effet, que la migration irrégulière est loin d'être prédominante. Elle ne représente que 20% de la migration globale. Au cours du dernier Sommet Union africaine-Union européenne à Abidjan, SM le Roi Mohammed VI a adressé un message en tant que leader de l'Union africaine concernant la question de la migration. «Certains pays, du fait de leur position géographique, sont amenés à être une terre d'immigration. Ainsi, le Maroc l'a été dès son origine, et depuis son indépendance, de manière constante, se sont succédé différentes vagues de migration : nos partenaires européens et maghrébins le savent sans contestation», a dit le Souverain. «Il fut un temps où l'immigration était liée aux déplacements commerciaux, aux pèlerinages religieux ou était imposée par les conflits et les pandémies. Dans notre histoire contemporaine, elle a pris une connotation négative, puisqu'elle est associée à la drogue et autres trafics, voire aux méfaits des changements climatiques. En somme, à notre époque, dans l'imaginaire collectif, l'immigration est associée aux fléaux de la pauvreté, de la précarité, de l'instabilité et même de la mort», a ajouté SM Mohammed VI. Le message royal au 5e Sommet Union africaine-Union européenne est également porteur d'un appel à l'action. «Nous le répétons : l'heure est à l'action. Peut-on trouver des solutions efficaces, ou sommes-nous condamnés à rester dans une logique de méfiance ? Je l'affirme avec force : nous pouvons agir. Mais nous ne pouvons pas tout faire, et surtout nous ne pouvons le faire seuls : la politique européenne en la matière devrait évoluer», a dit le Souverain. Et de poursuivre : «Ayant été pays d'émigration, de transit et d'immigration, le Maroc a développé une approche introspective de la question migratoire, qu'il conçoit de manière inclusive et positive. Si nous mesurons les défis que pose l'immigration, nous n'ignorons pas pour autant ses aspects positifs. Les illustrations en sont nombreuses : Comme leurs frères marocains, les migrants africains ont contribué grandement à la reconstruction de l'Europe d'après-guerre ; et des pays africains se sentent légitimement lésés». Le message royal a, en outre, fait savoir que «depuis une dizaine d'années, des Européens s'installent au Maroc, amenant leur savoir-faire, créant localement des PME et des emplois». Et de conclure: «Aujourd'hui, une nouvelle vision s'impose : il s'agit de faire de l'immigration un sujet de débat apaisé et d'échange constructif. Au Nord comme au Sud, nous en tirerons tous avantage. Et si cette conception est, pour l'instant, encore bien fragile, soyons assurés qu'un jour, ensemble, nous y parviendrons !».