Malgré la baisse annuelle liée au Sida, l'ONUSIDA tire le signal d'alarme : la riposte mondiale au VIH se trouve dans une situation préoccupante. « Des régions entières prennent du retard, les grands progrès que nous avons réalisés concernant les enfants ne sont pas pérennes, les femmes restent les plus touchées, les ressources ne sont toujours pas à la hauteur des engagements politiques et les populations clés continuent d'être laissées pour compte. Tous ces éléments freinent les progrès et il est urgent d'y faire face », souligne Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. En effet en 2017, 21,7 millions de patients bénéficiaient d'un traitement antirétroviral sur un total de 36,9 millions de personnes séropositives. Toutefois, l'objectif fixé pour 2020 est de 30 millions de personnes sous traitement. « Si nous n'avons pas de ressources additionnelles, nous n'atteindrons pas ce but », déplore Michel Sidibé. Les nouvelles infections liées au VIH sont en augmentation dans une cinquantaine de pays, et, à l'échelle mondiale, n'ont diminué que de 18 % au cours des sept dernières années, passant de 2,2 millions en 2010 à 1,8 million en 2017. Bien que ce chiffre représente presque la moitié du nombre de nouvelles infections par rapport à 1996, lorsque ce nombre était au plus haut (3,4 millions), la baisse n'est pas assez rapide. Le rapport souligne que les progrès réalisés en faveur des enfants ne sont pas pérennes. Les nouvelles infections par le VIH chez les enfants n'ont diminué que de 8 % au cours des deux dernières années, seulement la moitié (52 %) des enfants vivant avec le VIH reçoivent un traitement et 110 000 enfants sont morts de maladies liées au sida en 2017. Bien qu'en 2017, 80 % des femmes enceintes séropositives aient eu accès à une thérapie antirétrovirale pour prévenir la transmission du virus à leur enfant, 180 000 enfants ont contracté le VIH pendant l'accouchement ou l'allaitement, ce qui est bien loin de l'objectif de moins de 40 000 transmissions mère-enfant d'ici fin 2018. « Un enfant nouvellement contaminé par le VIH, ou un enfant qui meurt du SIDA, c'est encore trop », affirme Sidibé. « Rien n'est acquis d'avance dans la lutte contre l'épidémie de SIDA. Le monde doit tenir compte de ce signal d'alarme et lancer un plan d'accélération afin d'atteindre ses objectifs ». Enfin, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA estime que ‘' chaque problème à sa solution''. Pour Sidibé, il incombe aux dirigeants politiques, aux gouvernements nationaux et à la communauté internationale de faire les investissements financiers nécessaires et de créer les environnements juridiques et politiques permettant de déployer l'innovation à l'échelle mondiale. « Cela permettra l'accélération dont nous avons besoin pour tenir les objectifs 2020 ».