Les échanges interrégionaux entre les différents pays d'Afrique ne dépassent pas les 16% contre 50% en Asie, 60% en Europe et plus de 30% en Amérique Latine, a déploré Mankeur Ndiaye, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal lors d'une conférence organisée en marge de la 10ème édition des MEDays, sous le thème : « Union Africaine : comment faire face au double défi de l'intégration économique et de l'unité politique ? ». Pour M. Ndiaye, l'intégration africaine est freinée par plusieurs obstacles à savoir le faible taux d'échanges interrégionaux, l'absence d'une vision stratégique claire et efficace, la bureaucratie et le copier coller. « Au lieu de créer des commissions juste pour le plaisir d'en avoir et ressembler à l'Union Européenne, pensons sérieusement aux institutions qui nous seront utiles et dans lesquelles nous saurons nous reconnaître », a-t-il indiqué. De son coté, Martin Ziguélé, l'ancien premier ministre centrafricain a déclaré que l'intégration africaine ne peut se réaliser sans que la sécurité et la paix règnent dans tous les pays du continent. « Je vis dans un pays où la guerre civile dure depuis plus de 3 ans. Est ce que mon pays peut compter aujourd'hui sur l'Union Africaine pour répandre la paix ? Malheureusement, la réponse est non ! Avant de parler de l'intégration africaine, essayons de mettre ensemble un plan d'action pour que la paix règne dans tout le continent africain », a-t-il scandé. Pour M. Ziguélé, il existe un grand décalage entre les discours sur la volonté politique des Etats et les actes entrepris par ces derniers. « Notre plus grand problème, nous africains, c'est que nous déléguons tout aux étrangers. Comment voulez-vous qu'on se développe si même la pensée est déléguée aux étrangers ? C'est à nous de réfléchir sur nos problèmes et prendre notre destin en main au lieu de se sentir obligé de consommer ce qui nous vient d'ailleurs », s'est-il indigné. Toujours selon M. Ziguélé, l'Union Africaine souffre d'un sérieux problème de gestion. Les dirigeants mettent en place plusieurs mécanismes et créent des institutions qui ne sont jamais opérationnelles. « Il y a 20ans, l'UE a créé la brigade africaine de financement. Plusieurs conventions ont été signées dans ce sens et un énorme budget a été mobilisé. Mais malheureusement cette institution n'a jamais été opérationnelle et personne ne lla connaît. On ne sait même pas ce que cela signifie », a-t-il déclaré. Pour conclure, tous les panelistes ont attesté que l'intégration africaine ne peut se faire seulement si les gouverneurs africains adoptent une politique commune reposant sur le maintien de la paix et la construction d'une démocratie ainsi que des Etats qui respectent les droits de l'Homme. « Grâce à ces trois ingrédients, nous pourrons faire face à tous nos problèmes sociaux et donc avoir une intégration africaine », a conclu Mankeur Ndiaye.