Plusieurs intellectuels, chefs de partis politiques et avocats algériens ont dénoncé, mercredi, les pratiques "irresponsables" du régime qui mènent le pays "à la dérive" ainsi que "la répression illimitée" opérée contre les activistes de l'opposition. Ces pratiques "ne menacent pas uniquement la démocratie ou les libertés, mais aussi l'Algérie tout entière", ont-ils mis en garde lors d'une conférence de presse sur "la grave escalade de la répression incarnée par l'incarcération des centaines d'Algériens y compris les leaders politiques de partis légaux et l'impasse politique du pays". Tout en dressant un bilan sombre de la situation des droits de l'Homme en Algérie marquée notamment par une vague de répression sans précédent, la recrudescence des tentatives d'immigration clandestine et le muselage des médias, le président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui a estimé que le pays traverse actuellement une crise "multidimensionnelle" surtout avec "le recul énorme en matière de libertés et les acquis démocratiques arrachés par des générations de lutte". Selon lui, "le seul responsable de cette situation est le pouvoir". "Est-ce qu'empoisonner ces jeunes résoudra les problèmes que connaît le pays ?", s'est interrogée pour sa part Me Zoubida Assoul, présidente de l'Union pour le Changement et le Progrès (UCP), en dénonçant par la suite le harcèlement des associations et partis politiques qui s'est accentué avec la détention de Fethi Gheras, coordinateur national du MDS, le 1er juillet dernier. D'après elle, "cette répression est nocive également pour l'image de l'Algérie aux yeux du monde". "Aujourd'hui, l'Algérie se trouve en bas des classements en matière des droits de l'Homme et du respect des libertés individuelles et collectives", a-t-elle regretté. Elle a rappelé qu'en Algérie, plus de 300 personnes croupissent en prison pour leurs opinions ou leur participation au mouvement populaire, faisant savoir qu'étudiants, enseignants universitaires, personnalités politiques, avocats, militants, "cette répression a touché toutes les catégories de la société et sur tout le territoire national", a dénoncé Me Assoul. De son côté, Youcef Taazibet, ancien député et cadre du Parti des Travailleurs (PT), a estimé que le pouvoir "s'attaque aux libertés acquises en 1988 pour lesquelles sont morts plus de 500 jeunes", à savoir "la liberté de la presse, du travail syndical et celle de l'expression ainsi que le pluralisme". Pour sa part, Me Abdallah Heboul a mis en garde contre "la gravité de l'article 87 bis du code pénal" qui a été modifié par ordonnance présidentielle et adopté le 30 mai dernier lors d'une réunion du Conseil des ministres. Il a expliqué que ce nouvel article est "contradictoire avec l'esprit démocratique", ajoutant qu'"à travers cette modification le pouvoir a fait du Hirak son premier ennemi". Revenant sur la question de l'ordonnance présidentielle, l'avocat a indiqué que cette mesure "ne s'applique qu'en cas d'urgence", or, "dans cette situation il n'y avait aucune urgence, et même dans le journal officiel, à aucun moment, on a mentionné que la modification de cet article a été une urgence".