La police a maté les étudiants sortis manifester à Alger ce mardi, une première depuis le début en février du mouvement de contestation en Algérie. Une dizaine d'arrestations ont été enregistrées. La police algérienne a fait usage d'un recours excessif à la force, notamment à l'encontre de personnes âgées et des enfants qui accompagnaient les étudiants dans leur marche, selon des médias locaux. «Indiscutablement, sur la question des droits fondamentaux tels que la liberté d'expression, nous vivons une période pire que celle de l'état de siège. Les partisans du pouvoir maintiennent leur poigne autoritaire mais ne réalisent pas que cet épouvantail est peu efficace dans des situations de crise interne, la nature de la crise est purement politique et sa solution est nécessairement politique aussi», a déclaré Abdelaziz Rahabi, militant, dans une interview accordée à un média national. Les journalistes n'ont pas non plus été épargnés par l'intensification de la répression. Journaliste indépendant et activiste de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Saïd Boudour a comparu lundi 7 octobre devant le tribunal d'Oran « pour une publication sur Facebook », ont rapporté la LADDH et le Comité pour la libération des détenus (CNLD), qui plaident pour la libération des «prisonniers politiques» arrêtés depuis le début de la répression du régime contre le mouvement sans précédent pour la démocratie. Il a été provisoirement libéré plus tard dans la journée. De plus, cinq activistes du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) ont été mis en détention dimanche, a déclaré lundi son président Abdelouahab Fersaoui. Ce mouvement a été déclenché le 22 février lorsque Bouteflika a annoncé sa candidature pour un cinquième mandat. Selon l'un de leurs avocats, M. Abdelhak Mellah, les cinq militants ont été arrêtés vendredi dans un café par des officiers de la police secrète en civil, après la 33e manifestation consécutive qui a vu vendredi des millions d'Algériens marcher pour demander le démantèlement du régime militaire et exprimer leur rejet de l'élection présidentielle annoncée par l'armée. Le bureau du procureur d'Alger a nié dimanche l'existence même de détenus politiques dans une déclaration. Il avait indiqué qu '«aucun détenu politique n'est incarcéré» malgré des preuves qui attestent du contraire. Responsable d'un parti d'opposition non reconnu et figure de «Hirak», Karim Tabbou a été inculpé fin septembre pour «affaiblissement de l'unité nationale et incitation à la violence» et emprisonné pour avoir des publications sur Facebook. D'autres activistes, comme Fodil Boumala, ont été également arrêtés. Ancien officier de l'ALN, le commandant Lakhdar Bouregaâ (86 ans) a été arrêté pour avoir critiqué l'armée. Il a maintenant entamé une grève de la faim pour protester contre la détention arbitraire de militants pro-démocrates. Lundi, les « Forces pour l'alternative démocratique », une coalition de partis et d'associations appelant à une transition politique en Algérie, ont vu dans ces récentes arrestations un « arbitraire politique » qui « signale le refus de tout changement démocratique de la part du pouvoir ".