Les pays africains ont le potentiel de diriger les efforts mondiaux de prévention contre les maladies zoonotiques, à l'origine de l'actuelle pandémie de Covid-19, selon un nouveau rapport de l'ONU, qui avertit que de nouvelles épidémies apparaîtront à moins que les gouvernements ne prennent des mesures concertées. Les maladies zoonotiques - qui infectent la population humaine à partir d'une source animale - sont en augmentation partout sur la planète, et les pays africains, dont un certain nombre ont réussi à gérer des épidémies zoonotiques mortelles, ont le potentiel de tirer parti de cette expérience pour lutter contre les épidémies futures grâce à des approches intégrant la santé humaine, animale et environnementale, relèvent les auteurs de cette étude. Le rapport, intitulé "Prévenir la prochaine pandémie : les zoonoses et comment briser la chaîne de transmission", a été réalisé et présenté virtuellement lundi à New York par le Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI). Pour ses auteurs, le continent africain abrite une grande partie des forêts tropicales intactes et autres terres sauvages du monde. L'Afrique abrite également la population humaine qui croît le plus rapidement au monde, ce qui entraîne une augmentation des rencontres entre le bétail et la faune et, à son tour, le risque de maladies zoonotiques. "La situation sur le continent est aujourd'hui mûre pour intensifier les zoonoses existantes et faciliter l'émergence et la propagation de nouvelles", a déclaré, à cette occasion, le Directeur général de l'ILRI, Jimmy Smith. "Mais avec leurs expériences avec Ebola et d'autres maladies émergentes, les pays africains montrent des façons proactives de gérer les épidémies. Ils mettent en oeuvre, par exemple, de nouvelles approches basées sur les risques plutôt que sur des règles pour lutter contre les maladies et qui sont les mieux adaptées aux environnements pauvres en ressources", a-t-il dit. Le rapport identifie sept tendances à l'origine de l'émergence croissante de maladies zoonotiques, notamment une demande accrue de protéines animales, une augmentation de l'agriculture intensive et non durable, l'utilisation et l'exploitation accrues de la faune, et la crise climatique. "La science est claire : si nous continuons à exploiter la faune et à détruire nos écosystèmes, nous pouvons nous attendre à voir un flux constant de ces maladies passer des animaux aux humains dans les années à venir", a averti la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen. "Pour prévenir de futures épidémies, nous devons devenir beaucoup plus conscients de la protection de notre environnement naturel", a-t-elle préconisé.