* Avec la résiliation du contrat de franchise, le franchisé se heurte à une série de problèmes. * La perte de la clientèle attachée au réseau du franchiseur est un vrai préjudice. Les cas de franchise ayant été marqués par une rupture au cours des dernières années, ont mis en exergue les différentes failles du contrat de franchise. Avec la résiliation de son contrat, le franchisé tenu par une clause de non concurrence, voire de non-rétablissement, perd les deux catégories de la clientèle dont il disposait. En effet, suite à la résiliation, le franchisé ne perçoit aucune indemnité compensatrice de la part du franchiseur. Aux yeux de lAdministration fiscale, le transfert de clientèle a été opéré à titre gratuit et donc assimilé à une libéralité. Le contrat de franchise est généralement conclu pour une durée déterminée. À larrivée du terme, franchiseur et franchisé peuvent décider de renouveler le contrat ou, au contraire, de reprendre leur autonomie commerciale. Dans ce cas, il convient de respecter la durée du préavis conventionnellement prévue. Rappel : la franchise est le contrat par lequel un fournisseur (le franchiseur) met à la disposition dun commerçant indépendant (le franchisé) son savoir-faire, son enseigne, sa marque ou son nom commercial et son assistance commerciale. Ainsi, le franchisé vend à sa clientèle les produits et les services du franchiseur. En contrepartie, il doit sacquitter auprès du franchiseur dun droit dentrée dans le réseau ainsi que dune redevance. Le franchisé na aucun droit au renouvellement du contrat. Il ne peut donc demander aucune indemnité au franchiseur qui refuse de reconduire le contrat à son expiration (sauf refus de renouvellement abusif ou non-respect du délai de préavis). Peut-il néanmoins lui réclamer une indemnité de clientèle ? « En effet, la cessation du contrat de franchise entraîne généralement pour le franchisé la perte de la clientèle attachée à la marque du réseau dont il faisait partie, ce qui lui cause donc un préjudice », explique un expert-comptable. La perte de clientèle est dautant plus grande lorsquune clause de non-concurrence interdit au franchisé dexercer la même activité après lexpiration du contrat (ce qui est très fréquent en pratique). Franchisé : ce maillon faible Dans lHexagone, jusqualors les tribunaux refusaient daccorder au franchisé une indemnité au motif quil est un commerçant indépendant qui, à ce titre, supporte pleinement les risques de son exploitation. La Cour de cassation vient cependant de revoir sa position. Les juges ont estimé que la cessation de ce contrat, imputable au franchiseur, conduisait à déposséder le franchisé de sa clientèle, et quen conséquence, ce dernier était en droit dobtenir une indemnité en réparation du préjudice ainsi subi. Une décision très protectrice des intérêts des franchisés a été ainsi instaurée : la dépendance économique dans laquelle ils se trouvent à légard des franchiseurs étant désormais sensiblement atténuée. Au Maroc, il faut reconnaître que le législateur a procédé à la refonte de son arsenal juridique avec lobjectif de saligner sur les standards internationaux en la matière et neutraliser la variable juridique dans la localisation des investissements. Dans ce cadre, nous citons, à titre indicatif : la loi sur la liberté des prix et la concurrence, ainsi que la loi relative à la protection de la propriété industrielle. Toutefois, depuis sa nomination, le Conseil de la concurrence na pas passé au crible les contrats de franchise en circulation afin dy identifier les clauses contraires à lesprit de la liberté des prix et de la concurrence et de jouer le rôle de régulateur qui lui est assigné dans ce cadre. Le contrat de franchise présente des aspects juridiques auxquels les textes de loi napportent pas de réponse. En effet, labsence dun texte spécifique renforce le déséquilibre dans la phase pré-contractuelle. En outre, la propriété commerciale nest pas clairement tranchée. A qui appartient la clientèle dans le cadre dun contrat de franchise, au franchiseur ou au franchisé ? «Le défaut de réglementation juridique est également responsable de la confusion du contrat de franchise avec dautres types de contrats. Il sagit notamment du contrat de société et du contrat de travail. Lintervention du législateur est capitale dans la mesure où elle permettra de réguler et dapporter une réponse claire aux difficultés posées par le contrat de franchise et déviter la multiplication des interprétations juridiques », note lexpert-comptable. La franchise consiste, en principe, à réitérer une réussite. Cependant, pour en profiter et adhérer au réseau, le franchisé est entouré de maints risques. On peut citer le risque de confusion de contrat avec dautres types de contrats, le risque de non-conformité avec la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, les risque dinexistence ou la faiblesse du concept, les risques dinsuffisance des études de marché effectuées par le franchiseur, les risques liés à la propriété commerciale et au droit au bail. Dans certains cas, le franchisé pourra être victime dactes dolosifs lamenant à contracter sur la base de fausses déclarations du franchiseur. Dans lesprit de «prévenir vaut mieux que guérir», le franchisé est appelé à sentourer de toutes les sécurités à même de le protéger contre toute manuvre mettant en péril son investissement. La franchise savère un secteur économique porteur pour le Maroc et pourra jouer le rôle de locomotive en matière de croissance économique à linstar dautres pays. Il est légitime de doter la franchise de tous les outils juridiques devant lui assurer son développement dans un cadre transparent et durable. Il est également temps de donner un coup de fouet aux institutions existantes pour quelles puissent jouer le rôle qui est le leur en la matière.