l Le rapport de la Commission technique sera bientôt soumis au Premier ministre. * Hormis lâge et les taux de cotisation, lélargissement de lassiette des cotisants aux indépendants simpose désormais avec acuité. * Point de vue de A. Alaoui, membre de la Commission technique, Président du Conseil dadministration de la CMIM, vice-président de lassociation internationale de la mutualité. - Finances News Hebdo : Peut-on savoir exactement les principaux chiffres dévoilés dans le rapport élaboré par votre commission et que vous allez soumettre bientôt au Premier ministre ? - Abdelaziz Alaoui : En fait, je suis tenu par la confidentialité des chiffres. En tant que membre de la Commission technique, je ne suis pas autorisé à dévoiler les chiffres avant la remise du présent rapport à la Primature. - F. N. H. : La retraite se veut un gouffre abyssal et lunanimité est de mise sur le fait quen dépit des réformes initiées en 2003, il est toujours dactualité de parler de réformes. Est-ce quon fait allusion aux différents scénarios retenus par le cabinet Actuaria, ou est-ce quil sagit de penser à de nouvelles pistes de réflexion ? - A. A. : Dabord, il faut préciser quon na pas encore retenu de scénarios. Il y a une réforme qui a été proposée par le cabinet Actuaria. Nous sommes daccord sur le diagnostic, étant donné quil confirme celui que nous avions fait auparavant et nous sommes, aujourdhui, en train de discuter les différents scénarii qui ont été retenus et les propositions que lon peut privilégier. - F. N. H. : Par rapport aux différents scénarios retenus, quel est celui qui vous paraît le plus plausible et qui sadapte à notre contexte en fonction de lévolution démographique ? - A. A. : Il y a un scénario proposé par Actuaria quelle estime le plus plausible, le plus exécutable et sans grands problèmes. Il sagit dun régime de base unifié (CBU) qui rassemblerait lensemble des salariés aussi bien du secteur privé que du secteur public et intégrerait même les travailleurs non salariés. Le plafond, en terme de salaire, est de deux fois le smig et tourne autour de 6.000 DH. En plus de cela, deux régimes séparés complémentaires, mais obligatoires (public et privé). Et, au-delà, pour les grands salaires qui veulent une retraite un peu plus confortable, il faudrait un régime facultatif. On peut dire quil sagit là, grosso modo, du scénario retenu par le cabinet Actuaria. - F. N. H. : Dans le cadre de la réforme paramétrique, il y a la prorogation de lâge à 62 ans, les taux de cotisation et lassiette des cotisants. Pour ce qui est du dernier paramètre, quels types de mesures devra-t-on prévoir pour inciter les indépendants à bénéficier de la retraite ? Ou, plus exactement, que prévoit le rapport de la Commission technique ? - A. A. : Le rapport dActuaria nest pas explicite sur ce point-là. Il préconise que le régime de base unifié intègre cette catégorie sociale qui est très importante. Mais, il ne fournit pas les mesures nécessaires à le faire. Justement, si ce schéma-là est retenu, cest à nous de le faire. Il faut voir aussi qui doit le gérer. Est-ce quil en a les moyens. Et, par la suite, il faut voir comment procéder. Parce quil faut reconnaître que, dans ce cas de figure, la problématique de la retraite est identique à celle de lAssurance Maladie Obligatoire : comment faire pour recueillir les cotisations ? Comment faire pour les amener à cotiser...? Le cas français est un exemple intéressant. Idem pour le cas tunisien qui est édifiant. Donc, ce que je peux dire, cest quune fois la décision prise, il existe des solutions pour cette catégorie de la population ; donc, il ne faut pas sinquiéter. - F. N. H. : Lélargissement de lassiette des cotisants peut être également intéressant pour le secteur privé, sachant que de nombreuses entreprises privées ne déclarent pas leurs salariés. Ne pensez-vous pas quil sagit là dun autre potentiel à conquérir ? - A. A. : Evidemment, nous, en tous cas à la CGEM, nous veillons à ce que les entreprises adhérentes respectent leurs charges sociales. Mais, pour les entreprises non adhérentes, là, effectivement, il y a un problème. Ajoutons à tout cela le secteur informel. Mais nous, au niveau de la CGEM, nous luttons tous les jours contre ce type de comportement. - F. N. H. : Ne pensez-vous pas quaprès douze ans, il est aberrant de dire que les organismes publics continuent à se complaire dans la même léthargie et que lon souffre dun manque de courage politique pour prendre les réformes qui simposent ? - A. A. : Le politique nest pas très effacé. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Il y a un mois, le Secrétariat général dun parti politique a organisé, à Casablanca, une journée de réflexion sur la couverture sociale des professions libérales, des commerçants, voire de tous ceux qui ne sont pas couverts. Les recommandations émanant de cette journée seront soumises à dautres partis politiques. Le but étant de faire pression sur le gouvernement afin quil soit plus responsable vis-à -vis de cette catégorie sociale qui nest pas couverte.