Le regain de confiance dans le chèque en tant quinstrument de paiement apparaît davantage comme une affaire de coordination entre les divers organismes étatiques et professionnels. La série de mesures coercitives et répressives adoptées par le code de commerce et la loi bancaire ne paraissent plus suffire pour venir à bout des chèques en bois. «En dépit des nouvelles mesures juridiques adoptées et malgré les efforts du système bancaire, la crédibilité du chèque en tant que moyen de paiement na pas encore atteint le seuil souhaité». Cest en ces termes clairs que le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Mohammed Jouahri, a caractérisé la situation actuelle des chèques en bois au Maroc. Ce constat pessimiste mérite cependant dêtre nuancé. Ainsi, «au terme de lannée 2004, le chèque a représenté une valeur globale de 509,3 milliards de DH, soit 45,6% du total des moyens scripturaux échangés par le biais de la compensation», avait remarqué M. Jouahri. Autrement dit, il va falloir assurer plus de coordination avec le département de la Justice, le Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM) et les entreprises pour trouver les meilleures solutions. Et cest la méthode dune «campagne nationale de sensibilisation» qui a été adoptée. Tout un programme de rencontres régionales a été monté par une commission ad hoc constituée à cet effet. Elle concerne toutes les régions du Maroc et sactivera jusquà juillet 2005. Le gouverneur de BAM a indiqué, en parallèle, que des études sont menées actuellement en vue de créer un système de règlement des gros montants en temps réel (RTGS). Il ne sera opérationnel quen 2006. Dun autre point de vue, Mohamed Chami, le chef de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a tiré la sonnette dalarme au vu de limpact néfaste des chèques sans provision sur la trésorerie des entreprises. Rejetant toute responsabilité des entreprises dans la pérennisation de la situation actuelle, il a constaté que les chèques sans provision ne semblent pas être une pratique de lentreprise du moment que «les chèques rejetés qui natteignent pas 1.000 DH représentent 21,4% et ceux de 10.000 DH, 52,3%». En dautres termes, les personnes morales auraient la responsabilité démettre à peu près 26% des chèques en bois. Rejoignant à peu près la même logique, Othmane Benjelloun, le président du GPBM, a proposé «une interdiction bancaire à la place dune interdiction de chéquier», à linstar de ce qui se passe au Etats-Unis. Les mauvais payeurs étant déterminés, le secteur bancaire pourrait par la suite soccuper de sa vraie vocation. En un mot : dynamiser le secteur économique au lieu de suivre les traces dun chèque en bois.