Difficile de lui mettre le grappin dessus ! Abdou Diop, directeur associé du Cabinet Mazars Masnaoui, est très pris par le monde professionnel, mais également associatif ! Entre deux vols (il a attrapé le virus du voyage très jeune) et trois réunions, lexpert-comptable trouve un peu de temps pour «auditer» son parcours ! Abdou Diop est un citoyen du monde ! En effet, de par la carrière dambassadeur de son père et les différents postes quil a occupés, Abdou Diop voyagera et sinstallera au gré de leurs pérégrinations dans différents pays : lInde, lAustralie, la Malaisie et le Maroc, entre autres. «Jai donc vécu ma tendre enfance, de 2 à 11 ans pratiquement, hors du Sénégal, découvrant différents pays, différentes cultures et surtout différentes langues. Sur ces 9 ans, incontestablement, les six passés en Inde mont le plus marqué. Jai découvert réellement un peuple humble, zen, ancré dans sa culture, sa religion, ses croyances et ses valeurs dont lhumanité devrait sinspirer». Des souvenirs, encore très frais dans sa mémoire, dune enfance heureuse et très singulière ! Ces années-là, et les différents horizons quil a eu à découvrir, vont inéluctablement impacter Abdou Diop dans son choix de carrière. A lâge de 11 ans, il pensait devenir interprète, vu quil parle couramment plusieurs langues. «En Inde, il marrivait daccompagner des invités de marque de lAmbassade, faire leurs courses en leur servant de traducteur. Cétait plaisant et ça me permettait de me faire de largent de poche, davoir beaucoup de cadeaux et aussi de sortir régulièrement». Mais, il se trouve quAbdou avait aussi un goût prononcé pour les maths. «Je me débrouillais aussi pas mal en maths». Et cest une fois collégien quAbdou Diop renoue avec son pays dorigine le Sénégal suivant, encore une fois, son père dans ses innombrables déplacements. «Je me suis retrouvé au Lycée Van Vollenhoven à Dakar avec un groupe qui considérait, à tort à mon avis, que les élèves les plus brillants étaient orientés en série C et que les séries littéraires étaient plutôt destinées aux jolies filles. Jai finalement choisi la filière scientifique et décidé de finir mes études secondaires au Sénégal ». Entre-temps, le père dAbdou Diop sera nommé une fois encore ambassadeur au Maroc. «Je lai retrouvé avec certains de mes frères en vacances en juillet 1986 à Rabat, des vacances qui devaient finir en octobre de la même année puisque cest la période de la rentrée scolaire au Sénégal. Rabat me plaisait bien et pour ne pas trop mennuyer à la maison pendant que mes autres frères regagnaient lécole en septembre, on minscrit en première « S » au Lycée Descartes. Je my suis plu et y ai décroché en 1988 mon bac C ». A laube de lâge adulte, son Bac en poche, Abdou Diop ne voulait pas trop changer denvironnement après ces deux années passées au Maroc. Alors, il décide de passer ses deux ans de prépa à Moulay Youssef, avant de reprendre son bâton de pèlerin pour un autre pays. Comme tout étranger, Abdou devait avoir une autorisation de la Coopération pour valider une inscription. Entre-temps, il retrouve ici des amis du Sénégal venus passer le concours de lISCAE. Abdou Diop sinscrit alors au même concours quil réussit brillamment. Deux semaines après le démarrage des cours, il obtient son autorisation dinscription en prépa. Dilemme ! Il devait choisir ! « Jai eu peur de ne pouvoir rattraper le retard et jai opté, par défaut, pour lISCAE ». En troisième année, Abdou Diop se voit faire une proposition quil ne pouvait refuser. Un oncle de passage à Rabat lui a proposé un stage dans son cabinet dexpertise-comptable. Une idée qui la enchanté ! Il passera le concours dexpertise comptable quil reussira en étant classé deuxième ! Les circonstances évolueront crescendo aboutissant à une installation « définitive » dAbdou au Maroc. En effet, après quelques mois de vacances à Dakar, il rentre au Maroc où il apprend dun ami de classe quAbdelkader Masnaoui, associé-gérant du Cabinet Masnaoui (une vingtaine de personnes à lépoque) et qui sapprêtait à rejoindre le réseau Mazars, cherchait à recruter une dizaine dexpert-comptables stagiaires sur la base du classement. Abdelkader Masnaoui, qui était lun des examinateurs dAbdou, cherchait en effet à le joindre, mais sans succès vu que ce dernier était parti à Dakar. «Je suis passé alors le voir et lentrevue a duré moins de cinq minutes. Dès que je suis arrivé à son bureau, il ma dit : «Cest pas un entretien, vous me dites quand est-ce que vous démarrez». Je lui ai dit que javais un petit souci, cest que jadore Rabat et que je préférais travailler dans cette ville. Ça tombait bien pour lui car, avec les nombreuses missions de privatisation, il venait douvrir un bureau à Rabat ». Et cest ainsi que démarrera une longue et fructueuse collaboration entre les deux hommes à lautomne 1992. Au bout de quatre ans, Abdou Diop est nommé responsable du bureau de Rabat. « Trois ans plus tard, je devenais associé local. Et après lobtention de mon diplôme dexpert-comptable, mon dossier a été présenté à Mazars pour devenir associé international du réseau du même nom en 2003 ». Parallèlement à la vie purement professionnelle, Abdou Diop mène une vie associative très dense. « Je considère aussi la vie associative comme un passe-temps très utile qui permet de changer un tant soit peu la face du monde. Quand on a eu la chance, dans cette vie, de bénéficier de certains avantages (éducation, formation) et quon a la santé, il faut mettre cet avantage au service de la collectivité ». Et de ce côté-là, Abdou Diop nest vraiment pas avare de son temps, puisquil sinvestit auprès de la communauté sénégalaise au Maroc. Il est ainsi président de lAssociation des ressortissants sénégalais résidant au Maroc (ARSEREM) et également membre du Conseil et président de la Commission finances de la Fondation des émigrés sénégalais du monde qui intervient aussi beaucoup contre le fléau de limmigration clandestine. Mais pas uniquement, puisquil donne un coup de main sérieux à plusieurs associations marocaines, notamment celles oeuvrant dans le micro-crédit. Mais, il ne faut pas croire quAbdou Diop est uniquement un mordu du travail. Ceux qui le connaissent savent que sa devise dans la vie est : «Work hard, play harder». «Je suis partisan de la valeur travail et du mérite. On peut avoir par moment de légers coups de pouce dans la vie, mais il faut dabord, ensuite et encore, mouiller sa chemise. Par contre, je ne suis pas adepte du « travail et rien dautre». Travailler dur doit permettre de mieux profiter des moments de détente et de loisirs. Plus on travaille, mieux on peut «samuser» sans sinquiéter. Je préfère que lon dise de moi : «il a beaucoup travaillé, mais il sest bien amusé», plutôt que : «le pauvre, il a travaillé toute sa vie». Mais sa principale motivation dans la vie est avant tout sa famille, son harmonie, son bien-être et léducation de ses enfants. «Pour moi, cest primordial». Malgré le train de vie extrêmement stressant quil mène, Abdou Diop a toujours, ou pratiquement toujours, le sourire et reste zen. Certainement, une qualité quil a su développer quand il était en Inde. Cela dit, il donne toujours cette impression dêtre pressé. «Jai toujours limpression que les choses ne vont pas assez vite à mon goût». Mais il sen remet toujours à la volonté divine ! Grand lecteur et aficionado de la musique sénégalaise, Abdou Diop adore le chiffre 21 parce que cest son jour de naissance. Il adore également évoquer les souvenirs, tellement marquants de son long passage en Inde. «Il mest arrivé trois choses invraisemblables toujours en liaison avec lInde : être en voiture et voir un groupe de personnes marcher toutes nues et sans chaussures, entourées de disciples ; il sagissait de gourous qui avaient atteint le summum de la pureté et de limmatériel, ce qui leur donnait ce privilège de marcher tout nus. Attendre 20 minutes dans un embouteillage quune vache sacrée se lève ou encore voir son maître de yoga couché sur un lit hérissé de clous avec des lests sur le corps». Mais cap sur lavenir ! Si Abdou Diop pouvait remonter le temps, il aurait certainement fait ses études en sciences politiques pour entrer en diplomatie. Mais nest-il pas toujours temps pour répondre aux sirènes de la politique et de la diplomatie ? Abdou Diop pourra toujours créer la surprise.